L'Affaire Naundorff : le rapport de M. Boissy d'Anglas, sénateur

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458 EXAMEN DES PREUVES

Son poids n'a cessé de peser sur la destinée de tous les nôtres. Il pèse sur nous, il nous met dans l'impossibilité de nous mêler, la tête haute, à la vie des plus humbles de nos concitoyens.

Peu d’historiens contestent encore qu’un voile épais ait été intentionnellement étendu, à partir de 1793,sur la prison du Temple (4). L'identité de notre grand-père avec le roi Louis XVII, établie par des preuves d'intelligence et de conscience incontestables comme aussi par une similitude absolue de nature physique et morale avec ses ancêtres, rendent inopportune toute discussion à l'endroit des formules à l’aide destjuelles la sortie de cette prison a été accomplie (5).

Nous ne retiendrons pas l'attention du Sénat sur l’un de ces points si longtemps controversés, l'un des mieux établis aujourd’hui de notre histoire nationale (1). Nous ne ferons appel qu'à son esprit d'équité pour trancher une question d'ordre purement légal.

Un homme, Louis XVII ou tout autre, affublé pour un motif ou pour un autre du nom de Naundorff, et auquel jamais on n’a pu valablement attribuer un acte de naissance autre que celui qu'il a produit lui-même, s'est marié régulièrement à Spandau, en Prusse, en 1818. Pour procéder à ce mariage, l'administration compétente de Spandau l’a dispensé de montrer n'importe quel acte d'état civil et l’a marié, en fraude des lois(2), à une femme du nom de. Jeanne Einert.

Du mariage régulier de cet homme, avec Jeanne Einert, sont nés plusieurs enfants en Prusse, dont notre père, ins-

4. Aimable exagération.

5. Les preuves « de conscience », les preuves «morales » dispensent de toutes les autres. Évidemment. — Quant au mot « formules», son sens est obscur.

4. Les pétitionnaires s'abusent.

2. De quelles lois ?

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