L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes

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posent le domaine des Habsbourg, quoique le mouvement sioniste ait donné ‘naissance à une organisation nationale juive qui fut représentée, au Parlement de 1907, par deux députés sionistes et par un politicien qui prit étiquette « d’israélite modéré». Dans les annuaires de statistique, les Juifs ne figurent que comme une confession religieuse et comptent pour 2.250.000. « Au point de vue économique, politique et comme influence générale, ils sont lélément le plus important de la monarchie (1). Aucun observateur étranger des affaires austro-hongroises ne peut fermer les yeux sur la question juive, quelques efforts qu’il puisse faire pour essayer de l’ignorer ou de l’esquiver en adoptant une attitude irraisonnée de philosémitisme ou d’antisémitisme.

« Est-ce une question de race ou de religion? Les deux ensemble et quelque chose de plus. Est-ce une question économique, financière, de commerce international? C’est tout cela et autre chose encore.

«La monarchie des Habsbourg présente à l’observateur des occasions incomparables d'observer les Juifs tels qu’ils sont dans leurs milieux variés et à tous les degrés de l'émancipation. Chez les Juifs espagnols ou Séphardim de BosnieHerzégovine ou de Trieste, et chez les Juifs allemands-polonais ou Ashkkenazim de Galicie, de Hongrie ou de Bohême, on peut rencontrer les deux branches principales de la croyance, sinon de la race juive. La question de savoir si les Séphardim appartiennent à une branche différente et plus aristocratique de la famille sémitique que les Ashkenazim n’est pas encore résolue par les ethnologues. Mais l’expérience permet de croire que la supériorité revendiquée par les Séphardim sur les Ashkenazim peut avoir une base historico-sociale, sinon un fondement ethnique. Physiquement, il n’y a aucun doute quant à la supériorité du type Séphardim. »

Comme d’habitude, c’est dans les villes que les Juifs sont les plus nombreux. A Vienne, les catholiques romains représentent 88,80 % de la population totale et les israélites 8,63 %. Les Juifs y sont en plus grand nombre que les protestants, les catholiques grecs, les grecs orientaux et tous les autres cultes réunis. Leur nombre grossit sans cesse par l’apport de milliers de nouveaux venus de Hongrie et de Galicie. Ils sont très peu nombreux dans les villes de la HauteAutriche, de la Styrie, de la Garinthie, de la Garniole et du Tirol; mais à Prague ils sont 8,06 %. En Moravie, il y en a 8,75 % à Uherské Hradisté; 7,54 % à Olomouc et 7,41 à Brno. En Galicie, ils sont très nombreux aussi : 21,27 % à Cracovie (Krakow); 27,84% à Leopol (Lwow). En Bukovine, ils constituent la majorité ethnique dans la ville de Gzernowitz (Gzerniowce) : israélites, 32,84 %; catholiques romains, 26,94 %; grecs orientaux, 23,66 %, etc.

En Hongrie, ils présentent une moyenne générale de 14 % dans les villes municipales. À Budapest ils comptent pour 23 % de la population totale; à NagyVarad, pour 23,6 %; à Szatmar-Nemeti, 20,6; à Miskolez, 20,0.

Il est donc impossible de les passer sous silence.

(4) E.-W. Srgen, loc. cit., p. 228 et suivantes.