La France sous le Consulat

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laquelle ni le commerce ni les manufactures ne peuvent prospérer ! ». D'autres établissements financiers, le Comptoir d’escompte et le Comptoir commercial, émettaient des billets au porteur et à vue. Bonaparte voulut relever le papier-monnaie frappé de discrédit, en donnant le privilège exclusif de l'émission des billets à la Banque dotée d'un capital plus considérable, et d’en faire ainsi l’auxiliaire du Trésor. La loi du 24 germinal-4 floréal an XI (14-24 avril 1803) conféra à la Banque de France le privilège exclusif de l'émission des billets au porteur et à vue, mais pour Paris seulement, éleva son capital à 43 millions et lui donna une nouvelle constitution. La Banque fut gouvernée par un Comité de trois membres, élus parmi quinze régents et trois censeurs formant le Conseil général, nommé par les actionnaires. La création de la Banque de France permit au Trésor de s'affranchir peu à peu des maisons de banque et des « faiseurs de service », comme on disait alors, auxquels il était contraint de recourir pour escompter ses obligations, et qui profitaient de ses besoins pour réaliser d'énormes et malhonnètes bénéfices. Telle était la Compagnie des négociants réunis dirigée par Ouvrard, Desprez et Vanlerberghe, qui avait monopolisé l’escompte des obligations des receveurs généraux, les approvisionnements militaires et l’avance du subside fourni par l'Espagne.

Le rétablissement des finances contribua, autant que la volonté bien arrêtée du Premier Consul, à diminuer l’agiotage qui, pendant la Révolution, avait été la seule forme de l'activité financière et était devenu une plaie hideuse sous le Directoire.

Une loi de 1801, et des arrêtés pris en 1801 et en 1802 réglèrent les opérations des agents de change.

1. Le Ministre du trésor public aux régents de la Banque de France, 25 janvier 4804. Ibid., t. IX. : : .