La France sous le Consulat

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des personnages incolores s’agitant dans un milieu abstrait. Aucune, du moins pendant le Consulat, ne mérite une mention. Les pièces les plus applaudies de Ducis (1733-1816) et de Chénier' datent des dernières années de l’ancien régime ou de la Révolution : Raynouard (1761-1836) ne donnera qu'en 1805 ses Templiers, le plus grand succès dramatique de l’époque napoléonienne. Le génie de l'acteur Talma (1763-1826) insufle un semblant de vie à ces ombres : par son jeu puissant, par l’emploi des costumes historiques, il donne lillusion de la réalité. Bonaparte partage le goût de ses contemporains pour la tragédie classique : mais il ne CHENTER laisse pas de remarquer Manie--JoSEPn CHÉNIER, d'après Deveria la monotonie et l’insufFRS fisance de leurs produc-

tions ; il voudrait susciter des tentatives nouvelles. « La tragédie, disait-il dans une conversation, sauf quelques rares essais, est demeurée grecque et romaine. Ce vide d’où vientil? de l'absence complète d’une pensée supérieure à l’action dramatique, ou si vous aimez mieux, d’un ressort caché qui fasse tout mouvoir. Les anciens avaient la fatalité. Chez

1. Sa tragédie de Tibère est de 1804 : elle ne fut pas représentée à cause de ses allusions satiriques.