La patrie Serbe
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donner tous ses canons, puissants auxiliaires des victoires de Koumanovo, de la Brégalnitsa, du Tser : élle voulut en Sauver quelques-uns. Les hommes s'attelèrent avecles bêtes sur la raïdeur des pentes ; souvent entrainés par le poids, ils glissaient écrasés au fond du ravin. Et c'était horrible à voir, ces canons qui dévalaient le long des montagnes, sanglants, emportant des débris de chair en loques.
Autos, camions, caissons, furent donc rompus, brülés. Tandis que cette petite partie de l'âme serbe était anéantie, le Roi Pierre. tête nue, contemplait la ruine de l'œuvre dont il avait été l’admirable artisan l’inlassable ouvrier.
On toucha alors la preuve tangible, irréfutable du désastre. Lorsque l'incendie s'éteignit et que subsista seule la mort sous larafale pleine de neige, le sentiment de l'irrémédiable envahit les cœurs. Le ftourment moral de ceux. qui depuis le début avaient lentement compris le présent ef pressenfil'avenir devint moins lancinant, moins atroce peut-être, et se transiorma en un more fatalisme Les transes aïfreuses de la perpétuelle attente n'étreignirent plus les esprits, stupéliés par le choc brutal. Le destin s'accomplissait, la lutte n'existait plus, il n y avait qu à subir l’inévitable. Chacun se sentitinfiniment petit devant une Volonté toute-puissante, et les âmes furent annihilées. |
Ce pénible autodafé était comme un terme et un commencement. C'était l'adieu à la terre serbe et le début des pérégrinations en terrain ennemi. L'antique Vea di Zeta, martelée si souvent par les cothurnes en bronze des légionnaires, s’appliquait contre la montagne. Les voies romaines étaient toujours étroites, les siècles avaient réduit celle-ci en un mincesentier, tendu tel'un fl sur la pente rapide: La herse des troncs