La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

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et par un jeu du hasard bien inattendu. J'ai dit plus haut la génèse historique des Æssais; il me reste à raconter leur découverte.

L'autographe se trouve à Londres, au Public Record Office. Papers of Foreign Office. French; Volume 597-41, qui porte pour titre : « M. Chauvelin. Domestics papers. Advices. Intelligences. January and February 1793.» Le manuscrit se compose de 18 folios grand in-8, écrit tout entier de la main de Solilhac, d’une écriture ferme, nette et très soignée. La découverte imprévue que j'en ai faite, en juillet 1901, est l’une des plus vives joies de chercheur que j'ai éprouvées jamais, et les fureteurs qui se passionnent pour les pièces rares et précieuses, médailles, tableaux ou manuscrits, comprendront seuls l'émotion que me causa cette bonne fortune. C'était la veille de mon retour en France: je parcourais, avec une hâte un peu fébrile, les divers volumes du catalogue qui me paraissaient avoir, à vue de nez, quelques rapports avec les affaires de la Vendée. Certaines pièces, déjà fameuses, mais qui, si je me fie à certain flair, pourraient quelque jour le devenir davantage encore, et qui sont certainement conservées en quelque dépôt d'archives publiques en Angleterre, m’y avaient amené. Une sorte d’espérance âpre me tourmentait de mettre enfin la main dessus, afin de pouvoir, tout à loisir, les contempler et, pour me donner ce plaisir, rien ne me semblait devoir être négligé.

Un volume de pièces françaises, réunies sous le nom de Chauvelin, me tomba par hasard sous la main. Il portait ce

-titre alléchant : « Domestic parers. Advices. Intelligences » (1). Mais la date du recueil, inscrite au dos du volume : « January and February 1193, — janvier et février 1793 », fit que je le repoussai vivement : « Rien à trouver là-dedans, me dis-je; nous sommes encore à deux mois de l’insurreclion vendéenne. » Mais il est une providence pour les chercheurs consciencieux. La pensée me vint tout à coup que je pourrais rencontrer peut-

(1) C'est la Correspondance de Talleyrand et de Chauvelin, conventionnel, ambassadeur de la Convention à Londres, se rapportant au procès de Louis XVI, soit avec la Convention, soit avec les ministres anglais. Elle est des plus intéressantes et la publication en sera très piquante sous ce titre : Un ambassadeur de la Convention à Londres.