La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE 103

L'auteur est un jeune officier de talent, qui a vu, de ses yeux vu, et qui a bien vu, ce qu’il raconte, Sa plume est ferme comme sa pensée ; sûn Jugement. très droit, sait approfondir les causeset les effets ; il pénètre les hommes aussi facilement qu'il les peint, d’un trait sûr et sincère. Sans nulle passion, d’ailleurs : son récit, parfois sévère en certains points, n'offre aucune trace de parti: pris. Sans préjugés non plus : il sait, d’un mot tranchant et sec, réprimer la suffisance et décourager la prétention. D'une impartialité sereine, supérieure aux idées de caste : il n’est mû que par l’amour de la vérité et le désir du bien général. Par la sobre clarté de son récit, par la lumière de ses vues, par la peinture des hommes, ses Essais historiques et politiques sur la Vendée sont, pour l’année 1795, la pièce maîtresse de cette guerre : c’est la Première histoire royaliste de la Vendée.

Les Essais comprennent trois parties bien distinctes, d’importance inégale par l'étendue et la valeur : d’abord le récit des événements militaires depuis les causes et les origines de la lutte jusqu’à la terrible bataille du Mans, où il fut fait prisonnier, c’est-à dire du 13 mars au 13 décembre 1793; — puis des Réflexions et des considérations swr La position de l’armée depuis le passage de la Loire ; — et enfin une note sur sa situation personnelle, établissant qu'il a été chargé d’une mission officielle près le gouvernement de Sa Majesté Britannique.

Avons-nous, dans ce récit, tout ce que Solilhac a écrit de la Vendée? Le témoignage de M. de Barante pourrait faire penser que non. Il avait la plume facile et le goût de la narration : ses beaux récits de la guerre de la Vendée avaient charmé la première jeunesse du futur académicien. Quand cet historien futprié par M*° de Larochejaquelein de mettre la dernière main à ses Mémoires, on sait qu'il s’adressa à la plupart des survivants de la guerre pour en obtenir leurs Souvenirs. Il y a de fortes présomptions de croire qu'il ne négligea pas de s’adresser aussi à celui qui, par ses récits, avait le premier éveillé l'imagination de son jeune auditeur sur la merveilleuse épopée, où il s'était conduit en héros, et qui était si bien renseigné sur ses diverses phases. Qui sait si le « brave chevalier » n’a pas un jour, à sa demande, repris la plume pour refaire, plus au long, le récit qu’il avait ébauché en janvier 1794 pour sir Dundas?