La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

178 LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE

s’avanca sur Vihiers, d'où, à l’aide d’une cavalerie nombreuse, il désolait tout le païs. Pour arrêter ces ravages, nos généraux firent partir de Cholet 15.000 hommes sous les ordres de Piron et de quelques autres jeunes gens, se disposant eux-mêmes à faire un rassemblement plus considérable (1).

Charmés de la contenance de notre petite armée, nous n'hésitâmes pas d’outrepasser les ordres que nous avions reçus. Nous arrêtâmes notre troupe à une lieue de l'ennemi. Après l'avoir fait reposer et rafraichir, nous marchämes à lui. Chacun $e fit Gu général ou commandant, suivant les moyens qu'il se Supposait, et nous attaquâmes les républicains avec tant de furie qu’en moins d’une heure nous les mîimes dans une déroute complète, fimes 3.000 prisonniers, primes 28 pièces de canon et 30 caissons ; et, à l'ordinaire, nos païsans s’en retournèrent chacun chez eux, sans que nous puissions seulement songer à tirer parti d’un avantage aussi considérable (2).

Persuadés que des secours étrangers étaient absolument nécessaires, nous résolûmes l'attaque de Luçon pour nous porter de là sur Les Subles-d’Olonne (3).

(1) 45.000 hommes... I y a ici certainement une erreur de chiffre : c’est ou 4.500, ou plus vraisemblablement 5.000 hommes qu'il faut lire. Quelques lignes plus bas, en effet, Solilhac dit : « Charmés de la contenance de notre petile armée » : l’épithète ne conviendrait pas à une force de 15.000 hommes. Solilhae y commandait : il est en effet cité par Bourniseaux (L. IL, p.34) parmi les jeunes gens qui engagèrent l’action, malgré les ordres des généraux. I ya là un exemple remarquable de ce qui s'était produit si souvent au début de l'insurrection : la spontanéité inspiratrice et la générosité enthousiaste de tous, et de ceux qui se sentent la vocation de commander, et de ceux qui se sentent faits pour obëir, Prudents et sages malgré leur jeunesse, les commaäandants improvisés font d'abord reposer et rafraichir leurs soldats, et finalement remportent l’une des belles victoires de cette guerre.

(2) Solilhac passe sous silence l'élection de d'Elbée comme celle de Cathelineau. Il était pourtant officier de d'Elbée. Quelle peut être la cause de ce double oubli? 11 relatera, un peu plus loin, l'élection de la Rochejacquelein. Il faut se souvenir qu'il écrit pour le gouvernement anglais; aussi ne charge-t-il son rapport d'aucun détail inutile. En quoi l'élection de Cathelineau, mort, et de d'Elbée, mis hors de combat, pouvait-elle intéresser le cabinet de Saint-James? Il en était tout autrement de l’élection du jeune Henri de la Rochejacquelein, avec lequel sir Dundas pouvait être appelé à traiter,

(3) Solilhac confirme le motif qui poussa les généraux à l'attaque de Luçon. C'était important pour le cabinet anglais : aussi l’auteur souligne avec soin les deux noms Luçon et les Sables-d'Olonne. — Cf, les lettres des généraux à Sir Dundas, du 18 août 1793.