La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac
LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE 179
Nous nous présentämes devant Luçon avec une armée beaucoup plus considérable que celle des Patriotes. Ils nous attendaient dans une vaste plaine ; nos païsans, plus accoutumés à combattre dans le bocage qu’en rase campagne, ne tinrent pas longtemps devant une cavalerie bien supérieure à la nôtre. Notre défaite fut complette. Nous laissämes à l’ennemi une partie de notre artillerie. Ce désavantage, loin de nous décourager, ne fit que nous animer à une nouvelle tentative. Nous fimes un rassemblement plus considérable à Chantonnay, où nous fûmes joints par M. Charette, avec lequel nous n'avions pas été réunis depuis l’affaire de Nantes. L’élite des armées royalistes rassemblée semblait promettre le plus brillant suc: cès. Nous nous présentons devant Luçon, dont la garnison avait été considérablement augmentée. M. Charette commandait l’aile gauche; MM. de Lescure et de la Roche Jaquelin, laiïle droite, et M. de Rouaran (1) le centre. M. Charette, à la tête de ses braves, commence l'attaque ; tout plie devant lui ; en un instant, il se rend maître de rois pièces de canon. et déjà le cri de sauve qui peut promettait une victoire assurée, lorsque le centre, composé de nos plus mauvaises troupes, se débande sans tirer un coup de fusil, entraîne dans sa fuite l’aile droite qui n’avait pas encore aperçu l’ennemi, et M. Charette, que son ardeur avait emporté trop loin, se trouve écrasé par une cavalerie nombreuse. Le carnage fut horrible ; l’élite de l’armée de Charette périt dans ces plaines fatales.
(À suivre.) Eug, BossarD.
(1) M. de Royrand, général en chef du pays du Centre,