La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac
718 LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE
Deux jours après notre arrivée, 5.000 hommes de la garnison de Mayence, formant l’avant garde d’une armée de 25.000, nous attaquèrent à dix heures du soir, furent complettement défaits avec perte de 1.400 hommes et obligés de se replier sur le gros de l’armée (1). Deux jours après le gros de l’armée nous attaqua à onze heures du matin (2). C’est le combat le plus opiniâtre que nous ayons eu jusqu’à cette époque; l'affaire dura jusqu’à dix heures du soir; il y eut presque continuellement des mêlées où, ne prenant pas le temps de charger leurs armes, les combattants se servaient de la bayonncette, du sabre et même de la crosse de fusil. L'avantage ne fut entièrement déclaré pour nous que lorsque nous eûmes forcé le pont de Château-Gonthier. L’ennemi laissa 6.000 hommes sur le champ de bataille: de notre côté le nombre des morts ne fut pas aussi considérable que celui des blessés ; au reste, 25 pièces de canon, beaucoup de munitions de guerre furent le prix de notre victoire; embarrassés du trop grand nombre de canons que nous avions, nous en cassämes 40 pièces dans le séjour que nous fimes à Laval.
Craon où étaient rassemblés 10.000 hommes dont peu de troupes réglées fit peu de résistance. Après cette victoire 10.000 hommes cachés depuis longtemps dans les forêts qu’en appelait la Petite Vendée vinrent se réunir à nous (1). Tous les jours nous recevions des émissaires de la Bretagne qui nous désiraient ardemment et où plusieurs officiers promettaient
(4) Combat de I Groix de Bataille ou de la Lande Bataille, 25 octobre 1793. L'avant-garde de Mayence était sous les ordres de Beaupuy. Westermann prit la direction du combat, comme plus ancien brigadier, et fut battu.
(2) Bataille d'Entrammes, 27 octobre 1793. Le soldat vendéen y fut admirable de fermeté et de discipline en se soumettant sur le champ de bataille à une tactique improvisée d'ordre serré qui dérouta les Mayençais. Pour ses débuts, le nouveau généralissime montra des qualités de commandement, en joignant à son entrain habituel, du coup d'œil et de la décision. L’armée de Mayence, sous les ordres de l’Echelle, y perdit ses meilleurs soldats. L’Echelle y fut lâche et Kléber mou et sans initiative. Ce jour-là, Kléber dormait.
(1) Le chiffre de 10.000 paraït exagéré; Puisaye et Beauvais accusent 5 à 6.000 hommes des rassemblements de la Petite Vendée, dans les forêts entre la Gravelle et Vitré, qui rejoignirent à Laval. Gibert donne un total de 12.000 recrues, comprenant celles de Fougères, de Dol et les Peaux de biques de l’Avranchin. Il semble que la victoire d'Entrammes eüt dû entraîaer le soulèvement total du Maine. Il n’en fut rien; c'était la faillite des espérances et des promesses de Talmont,