La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac
LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE vi
une recrue de 50.000 hommes à notre arrivée ; mais, il fallait prendre Rennes dont les ponts étaient coupés, où les patriotes avaient fait des retranchements très forts, deffendue par une artillerie nombreuse et par une garnison considérable.
De Laval, nous marchâmes sur Mayenne où 20.000 hommes n'osèrent nous attendre.
À Ernée nous rencontrâmes l’ennemi qui y arrivait en même temps que nous. Deux corps de tirailleurs seulement donnèrent contre notre avant-garde et furent presque entièrement détruite par notre cavalerie (1).
L’armée repliée à Fougères nous y attendait dans ses retranchemens ; après une faible résistance, elle abandonna ses redoutes et fut taillée en pièces dans sa fuite. .
- Après un séjour à Fougères où nous fimes 3 000 recrues, débris du parti de M. de la Rouerie, nous marchâmes successivement sur Entrain, Dole (2), Pontorson et Avranches sans trouver le moindre obstacle. L’ennemi, effrayé par nos succès, n'osait plus nous attendre nulle part; nous pensimes que le seul moyen de nous défaire de l’attirail de nos femmes, de nos blessés et de nos malades, était de prendre un port de mer. Nous ne doutions pas d’ailleurs que la générosité anglaise ne se hâtât Ge nous tendre une main secourable, aussitôt que nous pourrions lui en procurer les moyens, d’autant que MM. de Tintignac et de Saint-Hilaire, envoyés parle gouvernement de cette puissance, nous avaient fait part de la bonne volonté de cette nation généreuse en notre faveur (3).
(1) Combat d’Ernée, £ novembre 1793. Les troupes de ligne qui furent battues à Ernée, étaient le bataillon des tirailleurs d’Imbert du 19° régiment d'infanterie légère, les grenadiers du Calvados et une section des canonniers de Paris, dits de la Réunion.
(2) Antrain. Dol de Bretagne (Ille-et-Vilaine).
(3) Tinteniac avait été reçu par les généraux vendéens au Conseil général de Châtillon, le 48 août, et le 7 novembre seulement il parvenait à remettre au comte d'Artois, alors à Hamm, les dépêches qui le concernaient. SaintHilaire avait passé la Loire et rejoint l’armée à Saint-Florent le 17 octobre et ses dépêches avaient été perdues. Les généraux n'avaient jusque-là que de vagues relations avec le gouvernement britannique. Solilhac passe sous silence l'arrivée des émissaires qui orientèrent la marche de l’armée vers un port de mer : Freslon, qui parut à Fougères, et Bertin à Dol. Le changement de direction de Dol sur Granville, qui marquait l'abandon de la tentative sur SaintMalo, fut déterminé par les renseignements apportés par Bertin,