La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE 781 e

Cependant les colonnes ennemies qui étaient sorties de Rennes, fortes de 40.000 hommes, s'étaient portées sur Pontorson et sur Antrain (1); elles nous attaquèrent à dix heures du soir; la colonne de Pontorson, forte de 15.000 hommes, commença le combat et fut violemment repoussée (2); pendant qu’elle se repliait en désordre, la colonne d’Antrain nous prit en flanc; nos paisans fireut face à tout, soutinrent l'ennemi toute la nuit et le repoussèrent malgré la résistance la plus opiniâtre jusqu’à une lieue d'Antrain

Le jour suivant, les républicains revinrent nous attaquer; la colonne de Pontorson, comme au dernier combat, commença le feu; mais, instruits par l'expérience, nous avions divisé notre armée en deux parties : l’une gardait la route de Pontorson et l’autre celle d’Antrain. L'armée de Pontorson qui n’était destinée qu’à une fausse attaque tint peu longtemps au feu; celle d’Antrain se battit avec le plus grand acharnement. Après l’avoir repoussée d’une lieue, trois heures furent employées à la déloger d’une hauteur hérissée de bois où elle s'était retranchée. Enfin après le combat le plus vigoureux, ils se retirèrent dans le plus grand désordre laissant un très grand nombre de morts sur le champ de bataille (3).

Nous entrâmes de suite dans Antrain où nous trouvâmes un orand nombre de blessés auxquelles nous donnâmes la vie quoiqu'ils aient constamment exercé des cruautés affreuses sur ceux des nôtres qui sont tombés en leurs mains (4).

(1) Les colonnes sorties de Rennes étaient formées de l’armée des Côtes de Brest et de l’armée de l'Ouest réunies. L'armée de l'Ouest dont Mayence faisait partie, avait été, après Entrammes, désorganisée à ce point qu’elle ne put quitter Angers que le 7 novembre pour se diriger sur Rennes où elle arrivait le 15 novembre. Les états d’effectif des armées de Brest et de l'Ouest réunies sous le commandement de Rossignol, donnent 30.000 hommes.

(2) La colonne de Pontorson étuit forte de 4 000 hommes. Westermann et Bouin de Marigny la commandaient.

(3) Seconde bataille de Dol, 22 novembre 1793. Les batailles autour de Dol dégageaient l'armée que les représentants en mission avaient promis « d’engloutir dans les sables du Mont Saint-Michel » Le « sanglier s'était dégagé »;les armées de l'Ouest et de Brest reprenaient la route de Rennes.

(4) Les blessés que l’on ne pouvait emporter étaient achevés dès que l'armée s'éloignait. À Candé, 30 blessés laissés à l’hôpital sont égorgés ; à ChâteauGontier 14 sont noyés dans la Mayenne ; à Fougères 60 malades, tant hommes