La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

88 LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE

loyalement fidèle à son passé et aux traditions de sa famille. Avec lui s’exilait aussi son frère. Il se rendit aux cantonnements d’Ath, où il fut employé comme sous-lieutenant à la compagnie des bas-officiers, et passa l’année suivante, à l’armée de Bourbon, où il fit la campagne de 1792 (1), et combattit à Jemmapes, à Guiévrin et dans une affaire d'avant-garde devant Givet.

Comment le jeune émigré, qui a donné de sa fidélité au Roi des marques si sincères, se retrouve-t-il soudain, quelques mois après ces événements, chasseur de la Légion du Nord, envoyée en Vendée sous Westermann? Aurait-il trahi la cause à laquelle il avait sacrifié son repos ? Ni le passé, ni la suite de sa vie ue permettent de le supposer un seul instant; tout fait croire, au contraire, que, même sous l’uniforme de chasseur volontaire — remarquons ce mot — c'était pour le service du Roi qu’il était rentré en France. « Je suis rentré en 1793, dit-il, et jai passé à la Vendée au mois de mai, même année (2). » Tout permet donc de croire qu’il n'avait pris du service dans la Légion du Nord que pour avoir l’occasion de gagner la Vendée, dont le bruit ne préoccupait pas beaucoup encore l'esprit des Princes, mais faisait travaillerla tête dé plus d’un jeune officier, en goût d'aventures. A cette époque, le fait de passer en Vendée sous l’uniforme de volontaire ne fut pas rare. J’en trouve la preuve authentique dans une lettre du général Leigonyer, écrite le 8 juin 1793, «du bivac à Bournan, près Saumur », la veille de la prise de cette ville par les Vendéens et quelques jours seulement avant l’arrivée de Solilhac au camp d’Amailloux. On lui à appris, dit il, «que le ey devant C' de Contades, petit-fils duM:!, était arrivé un de ces jours parmi les Rebelles », et il ajoute : « Ilest à remarquer que, depuis quelques jours, nombre d’émigrés de haut parage, que je soupçonne servir dans les troupes de la République de nouvelles levées, déguisés sous le costume de soldat, y sèment la discorde, le découragement et la défiance, et passent ensuite aux rebelles. Cette idée est d’autant plus probable que plusieurs hussards du 8° régiment, des

() Pélition du 26 juin 1816. (2) Ibid.