La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE 89

cuirassiers et des dragons de la Légion de la Fraternité, d’une tournure distinguée, ont déserté (1). » Il n’est gère possible de douter que le « beau jeune homme », qu'était le chevalier de Solilhac, n'ait été du nombre de ces jeunes gens de « tournure distinguée ». C'est sous l’habit « bleu », d’après M. Chassin, qu'il s’échappa après la défaite du Mans et qu'il regagna, sous le déguisement qui lui avait servi à venir en Vendée, les bords du Rhin, d’où il arrivait en mai 1793. Ce fut également sous l’'habit « bleu », après la funeste journée du Mans. que se cacha d'Autichamp. Mais, lui, resta en France. D'ailleurs, si Cadet, son compagnon, raconta qu'il servait depuis longtemps dans la Légion du Nord, Solilhac, lui, ne dit rien de semblable, et pour cause.

La Légion du Nord, créée par la loi du 21 mai 1792, avait été détachée, le 2 mai 1798, de l'armée des Ardennes pour marcher, sous Westermann, contre la Vendée (2). Elle y arriva dans la première quinzaine de juin et s'établit vers le 15 à Saint-Maixent (3). Cette date concorde avec le récit de M®° de Larochejacquelein sur l’arrivée de Solilhac à l'armée vendéenne. Cependant, dans ses Essais historiques et politiques sur la Vendée que nous publions, Solilhac semble contredire le récit de la marquise : « J’ai été témoin, dit-il en janvier 1794, de tout ce que j'avance, depuis la première attaque de Thouars, qui eut lieu au mois de may dernier » (5 mai 1793). Et, de fait, il raconte la prise de Thouars, la défaite et la prise de Fontenayle-Comte, celle de Saumur, en termes et avec des détails si précis qu’on dirait le récit fait par un témoin oculaire de ces actions d'éclat. Entrele souvenir de Me de Larochejacquelein et le témoignage personnel de Solithac, il serait difficile de ne pas opter en faveur de l’auteur, qui écrivait quelques mois seulement après les événements, si Solilhac n'avait donné plus tard, en1816, raison à la fidélité de la mémoire chez la marquise.

(1) Archives historiques de la Guerre. Armée des côtes de la Rochelle, à la date.

(2) Aulard : Recueil des actes du Comité de salut public, t. IV, p.285. — Voir aussi Chassin, V. P., p. 504.

(3) Archives hist. de la Guerre. Armée des côtes de la Rochelle. Lertre de Goupilleaw (de Montaigu) ef de Jard-Panvilliers, du 18 février 1793.