La Princesse de Beira et la police autrichienne
LA PRINCESSE DE BEIRA ET LA POLICE AUTRICHIENNE 9
y a à peu près quinze jours, ce vieux serviteur ayant été administré publiquement selon l’usage espagnol, la Princesse de Beïra avait envoyé son carrosse chercher le T.S. Sacrement et était allée le recevoir ellemême à la porte de la rue à la tête de sa famille et de sa Maison, ajoutant, il est vrai, que toutes les dames étaient recouvertes d’un voile noir impénétrable,
Mais la nécessité de cacher le départ de la Princesse a donné lieu à une mystification encore plus forte, la comtesse Lanckoronska, dame de Vienne, fanatique pour la bonne cause, alla voir l’Infante MarieAmélie et insista beaucoup pour voir la Princesse de Beïra, qu’on lui répétait toujours être très souffrante. L'Infante lui dit enfin que, si elle attendait encore, elle pourrait la voir un instant. Elle vint la chercher quelque temps après, la conduisit sur la pointe du pied pour’ne pas réveiller la Princesse qui dormait, dans la chambre à-coucher de cette dernière, où elle la fit approcher du lit et la lui fit voir endormie. Aussi la Comtesse écrivit-elle avec la plus grande joie qu’elle avait eu au moins le bonheur de la voir dormir, ne se doutant nullement qu’elle n’avait vu qu’une femme de chambre et jurant ses grands dieux que Son Altesse Royale ne pouvait être partie, puisqu'elle l'avait vue de ses propres yeux. t
Le fait est que le commissaire de police de Salzbourg, étant retourné il y a quelques jours après un long congé, frappé de toutes les nouvelles des journaux, il alla tout bonnement demander ce qui en était à S. À. R. l’Infante Marie-Amélie, qui lui dit tout fort franchement, et ce n’est qu’avant-hier que sont arrivés ici les rapports qui racontent le fait et la manière dont il s’est passé.
Il y a deux versions à cet égard. Une est celle que j'ai eu l'honneur de vous communiquer par mon avant-dernier numéro du 30 octobre, qu’elle était sortie à pied de la ville et des Etats autrichiens. L'autre porte que la personne qui l’a emmenéé, arrivée avec son fils à Salzbourg, était munie d’un passeport de notre Consul général de Marseille, sous un faux nom, avec sa femme et son fils; qu’elle dit que sa femme était restée en arrière à Ischl, mais qu’elle ne tarderait pas à le rejoindre; qu’elle commanda les chevaux de poste et fit avancer la voiture devant la porte de son auberge; que dans ce moment parut une dame voilée avec une femme de chambre; qu’elle s’écria : « Ah! voilà ma femme! », la fit monter en voiture et partit.
Cette personne n'était autre que le comte de Custine (1), légitimiste bien connu qui habite un château près de Marseille, que nous avons vu
{1) Le comte Robert de Custine, nous apprend le COMTE DEGLI ALBERTIdans une des nombreuses et précieuses notes dont il a enrichi le Carieggio Sambuy, a publié un volume intitulé : « Zes Bourbons de Goritz et les Bourbons d’Espagne ». (Paris, Ladvocat 18391, dédié à Charles V (don Carlos) dans lequel ïl raconte les péripéties du voyage accidenté qu'il fit avec la Princesse de Beïra jusqu’au moment où ils rejoignirent l’armée carliste.
Cette deuxième version était la vraie. C'était bien M. de Custine qui avair conduit la