La Princesse de Beira et la police autrichienne

8 COMMANDANT WEIL

On m'assure qu’il y a dix jours encore le Ministre dela Police recevait journellement des rapports sur la prétendue maladie qui forçait cette princesse à garder la chambre et qu'il n’y a pas plus de cinq à six jours que la Censure de Vienne a effacé sur un journal de cette ville, comme d’une absurdité notoire, la nouvelle du départ de Son Altesse Royale,

Il paraît que cette princesse, accompagnée seulement de son neveu, le prince des Asturies, et d’un domestique, est sortie à pied de Salzbourg et qu'elle a franchi également à pied la prochaine frontière d’Autriche et que ce n’est qu’en Bavière qu’Elle est montée en voiture. On croit qu’une seule de ses femmes de chambre était dans ses confidences et qu’elle portait dans sa chambre, où elle avait seule le droit d’entrer la nourriture censée destinée a l’Auguste malade: que c’est par ce moyen, qui a trompé toute sa propre maison, qu’on est parvenu à garder aussi longtemps ce secret important. La Princesse avait parlé de ce voyage à l’Impératrice (1) à son passage à Salzbourg au commencement d'août, mais comme d’un simple projet.

S. A. R. l’Archiduchesse Sophie, étant passée récemment par cette ville, demanda à voir la Princesse: on lui répondit qu’Elle était malade, Elle vit alors l’Infante Marie-Amélie, qui lui confia sous le sceau du secret le départ de sa belle-mère ; aussi Son Allesse Impériale n’en a-telle parlé que depuis qu’on a appris l’arrivée en Espagne. »

Le 3 novembre, Sambuy complétait ses premiers renseignements :

Ne 570 Vienne 3 novembre 1838

« … Lorsque le Prince Chancelier arriva à Vienne, il communiqua au comfe de Sedinitzky, Ministre de la Police, les détails que je lui avais donnés à Venise sur le voyage de S. A. R. la Princesse de Beïra et du Prince des Asturies.

Le comte lui répondit que cela n’était pas et que cela ne pouvait pas pas être; Qu'il allait lui prouver par des rapports reçus que la Princesse était à Salzbourg et n’en avait jamais bougé ; Qu'il ne comprenait pas ce qui avait pu induire en erreur à un pareil point les journaux français; mais que le chevalier Pilat (1), ayant répété dans l « Observateur Aufrichien » la première nouvelle donnée à cet égard par la « Gazeïte de France » il la lui avait fait biffer, le « Reobachter » ne devant pas contenir de pareilles faussetés. Il apporta effectivement au Prince plusieurs rapports de Salzbourg, dont l’un, entre autres, parlait qu’à une occasion récente, la veille de la mort du comte Plazaola, qui eut lieu, je crois il

(1) La princesse Marianne-Caroline-Pie, fille du Roi de Sardaigne Victor-Emmanuel Ie", née en 1803, avait épousé en février 1831 l'Empereur Ferdinand fe

{1} Homme de confiance et secrétaire de Metternich qui avait fait de lui le Rédacteur en chef de son journal Ÿ « Observateur autrichien, »