La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

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8 LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

un Quinet, un Louis Blanc, historiens romantiques, je le veux, mais non pas plus que Taine à sa manière, avaient porté sur la Terreur des jugements sans complaisance.

çaise. La philosophie qui a conduit la Révolution était simplement destructive, proclamant pour tout évangile « que « les mensonges sociaux doivent tomber, et que, dans les « matières spirituelles suprasensibles, il n'y a rien de croya« ble ». La théorie des Droits de l'homme, empruntée à Rousseau, n'était « qu’un jeu logique, une pédanterie à peu « près aussi opportune qu'une théorie des verbes irrégu« liers ». Les mœurs en vogue étaient l'épicurisme de Faublas. La morale en vogue était la promesse du bonheur universel. Incrédulité, bavardage creux, sensualité, voilà les ressorts de cette réforme. On déchaïna les instincts, et l’on renversa les barrières. On remplaça l'autorité corrompue par l'anarchie effrénée. À quoi pouvait aboutir une Jacquerie de paysans abrutis, lâchés par des raisonneurs athées ? « La « destruction accomplie, restèrent les cinq sens inassouvis, « el le sixième sens insatiable, la vanité ; toute la nature « démoniaque de l'homme apparut, et, avec elle, le canniba« lisme. » — Ajoutez le bien à côté du mal, et marquez les vertus à côté des vices ! Ces sceptiques croyaient à la vérité prouvée, et ne voulaient qu'elle pour maîtresse. Ces logiciens ne fondaient la société que sur la justice et risquaient leur vie plutôl que de renoncer à un théorème établi. Ces épicuriens embrassaient dans leurs sympathies l'humanité tout entière. Ces furieux, ces ouvriers, ces Jacques sans pain, Sans habits, se battaient à la frontière pour des intérêts humanitaires et des principes abstraits. La générosité et l'enthousiasme ont abondé ici comme chez Vous ; reconnaissez-les sous une forme qui n’est point la vôtre. Ils sont dévoués à la vérité abstraite, comme vos puritains à la vérité divine ; ils ont suivi la philosophie, comme vos puritains la religion ; ils ont eu pour but le salut universel, comme vos puritains le salut personnel. Ils ont combattu le mal dans la société comme vos puritains dans l'âme. Ils ont été généreux, comme vos purilains vertueux. Ils ont eu comme eux un héroïsme, mais sympathique, sociable, prompt à la propagande, et qui a réformé l’Europe, pendant que le vôtre ne servait qu'à vous. » (Ve vol., pp. 319-322.)