La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
LA RÉVOLUTION POLITIQUE >
Sur huit cents pages environ consacrées par Edgar Quinet à la Révolution, j'en vois près de cent consacrées à une espèce de physiologie de la Terreur; et cette physiologie est une condamnation aussi pénétrante que sévère. « Il n'y a de nouveau, s’écrie-t-il, que la liberté et l'humanité. Dans chacune des barbaries de 1793, c’est le moyen âge qui reparaît.…, (1) » Et Louis Blane, le jacobin socialiste Louis Blanc, écoutons-le : « Non seulement, il est faux que la Terreur ait sauvé la France, mais on peut affirmer qu’elle éreimta la Révolution. Si l’on en doute, qu'on fasse le compte des républicains que tua la République, depuis Vergniaud jusqu'à Camille Desmoulins, depuis Camille Desmoulins jusqu’à Danton, depuis Danton jusqu’à Robespierre... L’affreuse loi des suspects étendit sur la France une nuit que le soupçon ne tarda pas à peupler de fantômes. Dans cette nuit sanglante, où l’on ne distinguait les visages qu’à la lueur des éclairs, la Révolution frappa indistinctement amis et ennemis, les premiers surtout, parce qu'ils se trouvaient plus près d'elle... » Et, non moins amèrement, il accusait la Terreur d'avoir « fait perdre en partie au monde le sens de la Révolution » : car, disait-il, « l'horreur des moyens employés cacha aux intelligences myopes ce que le but avait de sublime ; beaucoup d'hommes, après avoir fixé les yeux sur
(1) La Révolution, 1. XVII, ch. 14.