La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
LA RÉVOLUTION POLITIQUE 13
les nôtres, serait-ce une preuve de sa supériorité sur nos conceptions politiques et sociales ?
Nous pourrions répondre à l'Action Française ce que Victor Hugo répondait aux classiques : « Des raisons » valent mieux que « des autorités », « des armes que des armoiries » (1).
Autrement dit, cette bataille à coups de gloires littéraires ou philosophiques me paraît frivole.
Puis, voyez-vous Renan, par exemple, — puisque l'Action Française le met au nombre de ses grands hommes, — capable de s'entendre longtemps avec Joseph de Maistre ou Bonald ? Et luimême, sur la Révolution en particulier, n'a-t-il pas chanté plus d’un air ?
Où est sa pensée définitive ? Nos « contre-révolutionnaires » veulent la trouver dans un livre paru en 1872: la Réforme intellectuelle ef morale. Il y déclare : « Corrigeons-nous de la démocratie. Rétablissons la royauté. » Mais c’est que la Commune l’avait rejeté à droite; soutiendrat-on qu'il y soit resté ? Ce serait difficile. En 1883, il publiait ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse, et j'y lis à propos de la Révolution : — J'ai pour elle « un goût invincible... Depuis que je vois l'espèce de rage avec laquelle des écrivains étrangers cherchent à prouver que la Révolution française n’a été que honte, folie, et qu’elle constitue un fait sans importance dans l’histoire du monde, je commence à croire que c’est peut-être ce que
(1) Préface de Cromwell.