La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
14 . LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
nous avons fait de mieux, puisqu'on en est si jaloux ». Enfin, il est permis, je crois, d’attacher quelque prix à l’enthousiasme révolutionnaire du Renan de l'Avenir de la science ; car cet ouvrage écrit en 1848 et 1849, c’est en 1890 qu’il le publia. Sans doute, il lui semblait que la politique de la Révolution (comme la philosophie du dix-huitième siècle) avait eu les défauts de ses vertus : « l’inintelligence du naïf, la tendance à déclarer absurde ce dont on ne voit point la raison immédiate » ; mais « ce qu'il importe de constater, disait-il, c’est cette incomparable audace, cette merveilleuse et herdie tentative de réformer le monde conformément à la raison. ». Et il allait, dans une note à la fin du volume, jusqu’à prophétiser : « Le lieu où l'humanité s'est proclamée, le Jeu de Paume, sera un jour un temple ; on y viendra comme à Jérusalem, quand léloignement aura sanctifié et caractérisé les faits particuliers en symboles des faits généraux. Le Golgotha ne devint sacré que deux ou trois siècles après Jésus. » ;
Michelet, Quinet, Victor Hugo ont-ils été plus lyriques ?
J’en conviens, d’ailleurs, très volontiers : on ne retrouverait cette fougue d’admiration pour 1789 dans aucun autre ouvrage de Renan. J'irai plus loin : il y a, dans ces pages de l'Avenir de la science, une phrase à laquelle mon amour même de la Révolution refuserait de souscrire, une