La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION POLITIQUE 19

voulu appliquer le Contrat social aux Français de 1789 : elle était si éloignée de cette intention, qu’elle renia, en fait, sa Déclaralion des Droits de l’homme et du ciloyen, d'inspiration franchement républicaine et démocratique : car elle n’établit pas et ne voulut pas établir la démocratie, elle ne fit pas et ne voulut pas faire la République (alors même que les circonstances semblaient l’y inviter). Et sa Déclaration, dont j'aurai plus d’une fois à parler, la rédigea-t-elle pour le plaisir de formuler des principes à la Jean-Jacques ou à la Montesquieu ? N’avait-elle pas, en août 1789, le devoir politique de la rédiger ? le devoir, — je souligne, — étant donné les circonstances, les réalités de l'heure comme fatidique où il s’agissait, avant tout, de consacrer ce fai que la souveraineté avait passé de la royauté au peuple? Avec son admirable clarté coutumière, M. Aulard a mis ce point hors de contestation (1). Et, non . sans malice peut-être, mais qu'il a eu raison lil a montré l’Assemblée, encore incertaine, entraînée par des nobles, les jeunes comtes de Montmorency et de Castellane !

Mais Taine n’était pas homme à tenir compte des faits qui auraient pu le gêner. Ne donnant jamais, au reste, — comme je l'ai dit, — le pourquoi ni le comment des événements, ne les rattachant pas aux événements antérieurs ou simultanés qui les expliquent, qui en précisent le caractère,

(1) Histoire politique de la Révolution française, pp. 39-40.