La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION POLITIQUE 21

des destructions nécessaires que par celui des constructions, et par leur importance, — si prodigieuse, que cela donne, naturellement, un peu le vertige ; qu’on en reçoit, tout d’abord, l'impression ou d’une catastrophe ou d’un miracle.

Catastrophe pour les uns, miracle pour les autres.

Et, à ce propos, une remarque s'impose: les historiens révolutionnaires de la Révolution, Quinet et Michelet notamment, historiens sérieux, mais de sensibilité lyrique, voire mystique, ont fortement contribué à répandre dans le public républicain l'illusion d’un miracle. Tous les deux, surtout Michelet, dont l’action intellectuelle et morale a été si longtemps puissante, à cause de ses dons incomparables d'artiste, ils ont cru et fait croire que la Révolution avait été, en effet, plus qu'un événement énorme par ses principes et par ses conséquences : un avènement ! Le mot est de Michelet, qui le complète ainsi : « L’avènement tardif de la Justice éternelle. »

Cette conception apocalyptique fut celle, aussi, de Lamartine et de Victor Hugo ; le génie grossissant de ce dernier exagéra encore ce qu'il y avait là d'assez absurde, et la Révolution devint, dans les Misérables, « un Geste de Dieu ».

Un de nos « contre-révolutionnaires », d'esprit aigu et violent, a eu beau jeu, dans un livre récent, intitulé : Le Romantisme français, à railler ce Messianisme.