La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

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coup; mais il fallait qu’il pût arriver à ce grand sanglot général : « Il n'y a plus de cadres et il n’y a plus de chefs. Il ne reste que des individus, 26 millions d’atomes égaux et disjoints (1). »

. Non, il ne restait pas que des individus ! Ilrestait les milliers et milliers de groupes qui s'étaient spontanément formés par toute la France après la prise de la Bastille : ces communes du Nord, du Midi, de l'Est, de l'Ouest, du Centre, qui se fédérèrent en 1790 et, d’un si magnifique élan, affirmèrent l'existence d’une Francenouvelle, d’une France une, forte, invincible. S'il n’était resté que des individus, l'Europe eoalisée eût été viciorieuse. Elle fut vaincue par cette organisation municipale, partout vivante, ardente, dont l'histoire bien faite serait la plus pittoresque et la plus instructive histoire de la Révolution.

‘ Selon Taine, il n’y avait que « deux vices fondamentaux » dans l’ancien régime, et, par suite, il n’y avait que deux grandes réformes à faire. — « En premier lieu, dit-il, les privilégiés ayant cessé de rendre les services dont leurs avantages étaient le salaire, leur privilège n’était plus qu'une charge gratuite mise sur une partie de la nation au profit de l’autre : il fallait donc le supprimer. En second lieu, le gouvernement, étant absolu, usait de la chose publique comme de sa chose privée, avec arbitraire et gaspillage : il fallait donc lui imposer un contrôle efficace et régulier. Ren-

(I) La Révolution, t. TI, p. 278.