La Serbie

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Quelques mots sur les coupables

Par Milovan GRB2A

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Les ministres monténégrins trouvent du temps pour parler à l'opinion publique alliée comme ss les Monténégrins n'étaient pas des Serbes! Ils voudraient dire ainsi que les Monténégrins ne désirent plus s'unir avec leurs frères de Serbie et avec d'autres pays yougoslaves. N'est-ce pas une attaque ouverte aux sentiments les plus sacrés des Monténégrins, qui ne désirent qu'une chose: s'unir avec les autres fractions du peuple serbe. C'est en outre une négation outrageante du brillant passé du peuple serbe du Monténégro, négation d'un passé rempli de luttes sanglantes et séculaires pour Ia délivrance et pour Funité du peuple serbe-croale-slovène. Ce n'est que Ta réalisation de ce grand idéal qui pourra guérir toutes les blessures des Monténégrins et réparer le sang qu'ils ont versé à profusion pour ces idéals. R-r.

Comment on «touranise » les races européennes

Le « Magyarorszag» commentant un livre écrit par Diner Denes, ami intime de Karolvi, sur la réforme électorale en Hongrie, écrit ce qui suil:

«Denes démontre que le suffrage universel el le système de gouvernement national magyar qui en est la conséquence entraîneront de la façon la plus certaine la formation de l'Etat national unifié magyar. À la question de savoir si nous pouvons arriver à avoir vingt millions de Magyars, Denes répond affirmativement el promet même plus que cela. Il espère que les Magyars parviendront à augmenter leur proportion de 80 pour cent.» |

L'organe de Karolyi estime que Denes fait montre de symptômes de faiblesse.

«Si la proportion du magyarisme peut être augmentée de 54 à 80 pour cent, pourquoi ne pourrait-on pas doubler cette augmentation et porter la proportion de 80 à 100 pour cent?»

Pour le «Magyarorszag» le processus de magyarisation ne devra point être arrêté avant qu'on n'ait obtenu l'unité complète.

«La terre magyare, s'écrie l'auteur, nourrit, même en faisant abstraction de la Croatie, une population d'au moins 40 millions d'habitants. Par suite, d'après l’ordre nlaturel des choses, la Magyarie doit avoir 40 millions d'habitants qui, normalement, sont appelés à se fondre en un même peuple. »

Le «Magyarorszag» a reproduit encore un discours prononcé par le comte Karolyi lui-même à l’occasion d’une réception.

«Les Magyars de l’Alfeld (de la plaine) ont une grande mission. Ils doivent conduire la population des périphéries. Pour placer notre vie nationale magyare sur des fondements très solides, il faut que les citoyens de langue non-magyare deviennent des Magyars d'âme.»

On sait que les Magyars avec toutes les falsifications des statistiques, n’atteignent même pas le chiffre de 9 millions. Les «démocrates» magyars croient donc pouvoir magyariser encore 81 millions; et cela s'appelle: arriver À l'unilé mationale! Ce n’est qu'en Hongrie que de semblables élucubrations peuvent voir le jour.

On veut dégrader la race slave en lui imposant la nationalité magyare qu'elle méprise et considère comme contraire à la civilisation. Inutile d'ajouter que les Magyars n'auront pas plus de succès que n’en ont eu leurs frères de race, les Turcs, au cours des quatre siècles de leur domination sur le peuple serbe de Serbie.

Chaque guerre suppose diverses Cluses prolonaes ainsi qu'un motif immédiat, c’està-aire l'événement qui a donné lieu à Ja déclaration de la guerre; ensuite il y a, pour chaque guerre, une responsabilité et une culpabilité. faire de l’historiographie pragmatique, viout dire découvrir, avec perspicacité psychologique, le connexe entre causes el conséquences et faire ressortir le motif immédiat. Des ‘historiens ultérieurs découvrent souvent des causes dont les contemporains ne se rendaient pas comple, el plus souvent celles qui concernent la culpabilité que celles qui sont relatives à la responsabilité immédiate; car le coupable cache son tort le plus profondément possible, tandis qu'on peut facilement établir Ia res-

ponsabilité d'après les prétextes qui ont

servi pour déclarer la guerre.

Si quelqu'un choisit lui-même un motif pour déclarer la guerre, il à déjà démontré par Jà même qu'il à été libre dans sa décision; il en assume done aussi la responsabilité. Mais qui dit responsabilité ne dit point encore culpabilité. La GrandeBretagne, par exemple, a déclaré la guerre à l'Allemagne, mais c’est à cette dernière et à lAutriche-Hongrie qu'en incombe la culpabilité, d’abord parce qu’elles ont violé une neutralité garantie ‘par leur parole, ensuite parce qu’elles ont fait violence, par des ultimatums à très bref délai, à la Serbie, à la Russie, à la Belgique et à la France. Mais pour bien comprendre cette culpabilité, il faut saisir profondément la signification du délai.

Qu'un bandit crie, dans la forêt, «la

bourse ou la vie », qu'il hurle « halte-là, ou je tire», sa culpabilité est dans ce «ou». Car, premièrement, il exige par là une obéissance absolue; deuxièmement, il prive celui ‘qu'il a assailli du temps de réfléchir et le dépouille ainsi de sa liberté, de son honneur et de sa dignité; troisièmement, il le menace de mort en cas de désohéissance, et c'est Ià un «droit » qui ne doit appartenir à aucune personne ni à aucune collectivité. Et Cest précisément cet arbitraire de bandit effronté qui se dissimule derrière la manière, d’apparence si correcte, de prescrire des délais, dont se sert la diplomatie. Et sil y à encore quelqu'un qui ne sait pas de quel côté se trouve la culpabilité dans cette guerre, qu'il relise donc encore une fois tous les ultimatums: ceux qui ont prescrit les délais sont en même temps les auteurs de la guerre mondiale.

C'est au lendemain même de la guerre russo-japonaise que l'Allemagne commença ses préparatifs pour la guerre d'aujourd’hui, lorsque la peur des Cosaques avait cessé à Berlin. C’étaient les Japonais qui, sans déclarer la guerre, avaient commencé les hostilités; mais la presse de tous les pays l'avait inculqué à tout le monde, y compris les Russes, que la faute était uniquement à la Russie. Les Russes ont une faiblesse qui ne s’est probablement jamais vue, comme trait caractéristique de toute une nation: ils se laissent mettre sur le

{) Notre ami et collaborateur, M. Grha, nous envoie cet article qui fut publié en allemand, dans la «Freie Zeitung» du 24 avril.

De Thucydide à Ranke,-

CE E- .

dos, sans contredit, tous les torts possibles, même. les crimes commis à leur propre détriment. C'est cette manie qui rendit possible aux Lénine, Bronstein-Trotzki et autres, en 1905 déjà, d'allumer la révolulion, de plonger le poignard dans Ie dos à Farmée et de sauver, de cette façon, les Japonais d’une défaite. Expérience Précieuse pour la diplomatie austro-magyare et allemande! On pouvait donc attaquer la Russie sous nimporte quel prétexte el encore rejeter Ja faute sur «lle et, €n outre, on pouvait ‘se servir de certaines sens qui prennent un plaisir pathologique à trahir la Russie, s’en servir comme d’instruments conscients contre la défense nalionale de leur pays. Sans ces arguments solides, Lénine, Trotzki et tutti quanti n’au-

raient certainement pas pu séjourner en.

Autriche-Hongrie en tout temps et à leur aise,-et bien moins «encore les auraït-on laissés partir pour la Suisse, la guerre éclatée, au lieu de les interner.

Ce n’est pas la misère à elle seule qui provoque les révolutions, mais la conviction d’un peuple que ses maîtres souverains en sont coupables. C'est ce que lAllemagne officielle sait très bien; aussi Hitforce-t-elle de rejeter sa faute non seulement sur les hommes d'Etat d'autres nalions. mais encore sur des femmes et les enfants belges, égorgés par des soldats allemands. Si elle y réussit si bien vis-à-vis de ses propres citoyens, cela ne provient pas d’une imbécillité ou d'une servilité exceplionnelles de ceux-ci, mais du fait que les Allemands, hommes et femmies, vieux et jeunes, riches et pauvres, à part quelques rares exceptions, sont ‘solidaires, depuis bien des années, du fond de leur âme, en convoitant la domination mondiale. C’est pourquoi ils se prêtent à toutes les exigences de lèur parti militaire; car ils n’ont pas encore perdu tout espoir de pouvoir exploiter l'univers lentier au point qu'eux, les élus, n'auront plus de contributions à payer. Cette convoitise a revêtu d’une couche si épaisse la vie spirituelle des Allemands qu'ils ont perdu jusqu'à lacaipacité de se sentir coupables. Aristole avait bien raison de dire que l'homme commet des crimes plus facilement par convoitise du superflu que par misère. Cet apho-

risme s’applique, en particulier, aux crimes :

indirects que les collectivités sont si vile inclinées à exécuter.

D'où vient donc, chez les Allemands, cette plaie morale? En Allemagne, presque tout homme d’un certain âge est expert dans une spécialité quelconque. Or, aussitôt qu'il se voit supérieur à un nonAllemand dans la maîtrise d’un ensemble ‘de faits extérieurs, il tombe dans l'illusion de le surpasser sous tous les rapports, aussi moralement: d’où il déduit, chose étrange, son droït de mieux manger ef d’avoir plus d'argent que le non-Allemand. C’est ainsi que le peuple allemand s’identifia avec ses boute-feu belliqueux, et quelle que fût la suffisance que se permettaient le souverain et la diplomatie allemands, ce «n’était qu’une soupape pour l’humeur

_impérieuse de la nation toute entière.

Le voyage de Guillaume IT à Tanger, la chute de Delcassé, ila conférence d’Algésiras, le télégramme de Berlin au « brillant second » à Vienne, l'aventure d’Aga‘dir lingérence du Kaïser dans les ar-

‘de la

‘doine. Nous en publierons le compte rendu dans

Samedi 18 Mai 1918 — No 20

mements de la flotte brilannique, par ja fameuse lettre à Pamiral Tweemoulh, tout cela étaient des provocaiions que {a France démocratique et ie sang-froid d'A). bion supportaient pour le moment. L'Autriche-Hongrie, à son tour, chercha noise à la Russie en faisant le procès des Pe. tits-Russiens à Marmaros-Sziget el à Lemberg. Mais contre personne on ne cherchait des prétextes avec autant dassiduité que contre la Serbie: guerre de tarifs en 1906, puis le procès de haute trahison intenté aux Serbes de (Croatie, l'annexion Bosnie en violation d’un contrat international, les calomnies de Friedjung à l'adresse du parti de coalition serbocroate, le superbe canard de la castration du consul Prohaska, la revision du traité de Bucarest et surtout l'omission méthodique de foutes mesures de précaution en cas d'altentats, comme celui contre le ban Tzouvaï, en 1912, et encore davantage celui de Sarajevo. Et ce fut précisément pour le droit d'exporter en Serbie cette pelice d'une incapacilé aussi étrange, que jacmonarchie des Habsbourg à déclinché la guerre mondiale; car, quant aux autres exigences, la Serbie les avail {outes acceptées.

Ainsi que nous l'avons dit la guerre européenne a été décidée à Berlin et à Vienne tout de suite après 1905; seule Ja manière de commencer était différemment conçue dans les deux empires. Berlin désirait une déclaration de guerre à la France et à l'Angleterre, aux côlés desquelles se rangerait la Russie par devoir d'alliance; tandis qu'à Vienne on songeait à déclarer la guerre à la Serbie et la Russie qui peut-être resterait abandonnée par ses alliées, la France et l'Angleterre, C’est le plan viennois qui l'emporta; el jusqu'à ces derniers temps lAutriche-Hongrie en tirail les moyens de se ménager une porte de derrière vers la France et l'Angleterre, Mais aujourd’hui, où les canons austromagyars, eux aussi, tonnent contre les tommies et les poilus, il est grand temps pour Ja France et l'Angleterre de comprendre qu'il est nécessaire pour la paix de l’Europe que la Russie ait une situation de grande puissance et que tous des peuples des confins austro-hongrois soient définitivement libérés.

A celte véritable paix d'entente internationale, ceux des Allemands peuvent y contribuer qui avouent la culpabilité de l'Allemagne. C’est selon qu'ils font cet aveu ou qu’ils l’évitent que les Allemands d’aujourd’hui se distinguent essentiellement les uns des autres, Il n’y a que les premiers qui soient mûrs pour une «société des nations », et {ant qu'ils ne l'emporteront pas sur les autres, il n'y aura pas de démocratie en Allemagne.

Nouvelles de Serbie

Les Tchèques et la Serbie

La colonie tchèque de Copenhague a envoyé le jour de Pâques une délégation au nouveau ministre de Serbie, le priant d'être l'interprète de leurs sentiments a#voués auprès du roi de Serbie et au princthéritier et de leur exprimer leur admiras ion pour larmée serbe.

YTVTVTV-Ç-OÇ_Ç_—_—T—————— PETITES NOUVELLES

Hier soir, à la Salle de la Réformation, avait lieu le meeting de protestation contre les persécutions anti-helléniques en Turquie et en Macé-

le prochain numéro.

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cipation à cette faute par la grande œuvre civilisatrice qu’elle a effectuée en Macédoine (Préface) ».

Vodovozov est persuadé que la cession -de la Macédoine à la Bulgarie aurait doublé et même triplé la pression nationaliste (p. 91) Et pour appuyer ses dires, il évoque la réponse de Radoslavof fit à l'opposition, au Parlement, réponse dans laquelle sont ouvertement avouées les révoltes de la population contre l'armée bulgare el l'impuissance du gouvernement bulgare à rétablir l'ordre dans les provinces occupées. « Le fait à noter, cest cel aveu du gouvernement bulgare que ce sont, non les soldats. mais les habitants des nouvelles contrées annexées, qui ont tiré sur l’armée bulgare, lors de son passage dans; ces régions el que le régime gouvernemental dans ces pays ne peut être que brutalement militariste. Ceci fut dit en général pour toutes les nouvelles contrées annexées, et la Macédoine ne fut pas acceptée. N'est-il donc pas clair que la cession de la Macédoine à la Bulgarie à été accomplie contre la volonté des habitants et que le régime gouvernemental n’est réalisable .qué «manu militari »? D'après tout cela, ceux qui ont défendu les aspirations de la Bulgarie sur la Macédoine sont bien (aans leur tort. »

Vodovozov, qui s'est surtout efforcé d'être impartial et qui dit quelquefois des choses désagréables au Gouvernement serbe, après l'observation directe des choses de Macédoine et la connaissance complète des questions qui la concerne, s'arrête à l'opinion suivante: « Si lon avait à choisir à qui devrait appartenir la Macédoine, ia faute serait moindre et il serait plus jusie, plus humain et plus régulier qu'elle restât sous le régime serbe ».

Considérant les deux solutions &e la question, qui ont chacune leurs partisans dans Ja société russe, il s'exprime ainsi: « Un parti dont le représentant le plus expressif a été M. P. Milioukow, à prétendu que la Macédoine est peuplée par des Bulgares et que ceux-ci y ont des droits ethnographiques et moraux. Les représentants de ce groupe ont soutenu Les aspirations bulgares pendant la guerre serbo-bulgare de 1913 et ont demandé, au cours même de la guerre actuelle, qu’une pression diplomatique se fit sur la Serbie afin que la Macédoine soif cédée aux Bulgares, «el, qu'à ce prix. on achète l'alliance de la Bulgarie. L'autre groupe reconnaissait que les aspirations serbes étaient parfaitement justifiées et que la cession. de ;ces contrées à la Bulgarie pendant cette guerre mondiale aurait été faïte à titre de compromis, et cest avec le cœur serré que nous aurions donné la Macédoine pour nous assurer le concours de la Bulgarie. » « On doit convenir, nous dit-il plus loin, que le premier point de vue est indiscutablement erroné, tandis que le second n'est pas absolument jusle. »

Dans la préface de son livre, Vadovozov souligne particulièrement avoir eu l'occasion, après son voyage en Macédoine, de parler ae ce pays avec les représentants les plus en vue de la société bulgare let encore une fois, il a réluté avec une énergie extraordinaire toutes les prétentions bulgares.

«A mon retour de Serbie, en traversant Ia Bulgarie, je me suis entretenu sur la Macédoine avec quelques-uns de mes amis et connaïssances bulgares, avec léminent statisticien Cyrille Popov, le professeur Chichmanov, Mme

L. M. Chichmanov, M. Michev, le professeur Krsteff, MM. Bougourev, Guéchowv, Bopstchev, Madjarov et beaucoup d'autres. Si mon livre tombe entre leurs mains ils verront qu'ils mont pas réussi à me convaincre du bienfondé des aspirations bulgares sur la Macéaoine et que les entretiens que j'ai eus avec eux m'ont été utiles, mais d’une manière négative, car ils m'ont exposé le point de vue bulgare sur la question macédonienne, point ae vue que je considère comme inexact. »

Les Études franco-grecques

Nous apprencns avec plaisir la récente fondation à Paris d'une revue mensu@le: « Les Etudes Franco-Grecques », spécialement COR sacrée à l'étude de Ia question d'Orient et ayant pour objet le resserrement des relations politiques, économiques et intellec- \ tuelles rattachant la France à la Grèce.

Patronnée par les plus hautes personnalités françaises de À politique et des lettres (MM. Ribot, Barthou, Deschanel, A. Th? mas, M. Barrès, A. Croiset, Th. Homolle, etc.) dirigée par % distingué publiciste grec, M. Léon Maccas, éditée par la librairié Berger-Levrauli (5, rue des Beaux-Arts) la jeune revue, dont Je premier numéro vient de paraître, est appelée, grâce à LL collabvration d'écrivains et d'économistes tels que MM. D. Cochi: À. Gauvain, G. Lacour-Gayet, Y. Guyot, V. Bérard, G, Fougèré R. Pinon, Ed. Herriot, E. Lémonon, J. Reinach, R. Puaux, etc; À remdre de grands services, dont celui de familiariser le publie anças au programme oriental ne sera pas le moins grand. Soubaltons-lui une longue et utile carrière.

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Société Genevoise d'Editions et d'Impressions. — Genève

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