La Serbie
Lundi 14 Octobre 1918 —
No 38
FERDINAND DE COBOURG
Pour la seconde fois depuis qu'il Ferdinand Ier, tsar des Bulgares, vient de délaisser ss alliés. Sa première. infidélité date de 1913. Elle s'exerça Sur les Grecs, les Serbes et les Monténégrins avec. qui il avait fait campagne contre les Turcs. Uné victoire quasi foudroyante
i libérait les Balkans du joug otioman, ayant couronné les efforts de cetla coalition, une comférence réunissait à Londres Les représentants des pays belligéranis, les vainqueurs et le vaincu, afin de fixer les bases, de la paix À: laquelle la cabinet de Constantinople avait dû se résigner.
Avant que ne s'engageñt la guerre, les alliés s'étaient mis d'accord quant au partage des terrifoires appartenant à la Turquie dont ils allaient entreprendre la conquête et qu'ils espéraient ferme: ment conquérir. Dans ce partage, Ferdinand, sous le prétexte qu'il était Le Dreux de la guerre et que sans lui F'Uniom balkanique ne se serait pas constituée, s'était atiribué la part du lion. Cette part au tous des hostilités, s'était accrue de la Thrace et de la villa d'Andriniople que Les troupes bulgares avaient arrachée à l'empire ottoman, avec il est Vrai, le concours des Serbes see au dernier moment pour aider leur allié.
Lorsque Le gouvernement de Belgrade avait reçu cet appel il s'était demandé s'il devait
donner son adhésion sans exiger une modif çation dans Les accords antérieurs. Elle lui semblait nécessaire pour éviter qu'Andrèinople, laissé aux Bulgares sans compensation pour leurs alliés, l'équilibre des Balkans fût détruit. Tel était l'avis du représentant dé La Serbie à Solia.
— Ne donnons qu'un consentement tionnel, disait-il.
Le gouvernement hellénique s'était rangé à cette opinion. Il n'est pas douteux que si le cabinet de Belgrade avait suivi ce conseil et osé des conditions, Ferdinand eût cédé, Le secouts
il sollicitait Lui étant indispensable. IL eût cédé, la rage au cœur, néanmoins il l'eût fait, sous l'empire de la nécessité. Mais le temps ressait, On, n'avait plus celui dé négocier; il fallait agir, et le pre serbe comptant sur la gratitude et la loyauté de son allié, envoya des troupes à l'armée bulgare, bien que le ministre Pachitch, seul d'ailleurs de son avis, eût insisté pour qu'on obtint de la Bulgarie un engagement formel. Ces troupes contribuèrent si largement à la conquête d'Andrinople qu'on a pu dire après coup que sans elles celte ville n'eût pas été prise el que Les Bulgares auraient été sans doute obligés d'évacuer la Thrace. es,
C'est la thèse que soutint la Serbie à la Conférence de Londres. Elle alléguait que lorsque Ie gouvernement de Sofia avait demandé son aide, la guerre était virtuellement finie, les objectifs de l'Union balkanique ayant été atteints et qu'il n'était pas admissible qu'elle ne se fût conlinuée que pour assurer À La Bulgarie des avantages personnels au détriment de ses alliés.
La très légitime prétention de ceux-ci eut pour eftet d'irriter profondément le tsar Ferdinand. Ofiensé dans son orgueil par l'opinion qu'accréditaient ses alliés dans la victoire bulgare, menacé dans ses ambi. tions territoriales par "une exigence propre à les décevoir, on Je voit récriméner, on l'entend se plaindre, et son ressentiment se révèle dans les propos qu'il tient contre pes alliés de la veille, qui déjà mé sont plus à ses yeux que des ennemis. D'autant plus vive est sa colère qu'au même moment la Roumanie intervient pour lui rappeler que lorsque la guerre n'était encore qu'en préparation, le cabinet de Bucarest à déclaré aux coalisés que s'ils élaient victorieux et que si leurs vidloires avaient pour effet d’agrandir les Etats balkaniques, elle aurait «à dira son, mot. » 1 x
C'est alors que Ferdinand prépare sa défection. La paix avec les Turcs à peine signée à Londres, il rappelle les troupes qui occupaient la Thrace, livrant ainsi aux Turcs, qui ne manqucront pas d'en profiter, ravies, et dirigé cette armée vers la Macédoine, qu'il entend réprenidre À ses alliés d'hier, à qui l'a attribuée le traité de Londres en lui attribuanf la Thrace à lui-même. Dans l'excès de sa colère, il délaisse de gaieté de cœur un pays fertile pour s'en approprier un autre moins favorisé par la nature, Follement, il abandonne la proie pour l'ombre. Enfin, dans la nuit du 29 au 30 Juin,
condi-
savants éminents — un foyer de travail scientifique tout moderne, tandis que d’autres nouvelles institutions liltéraires devinrent un pareil foyer des lettres. Mais c’est &urlout sous le règne du roi Milan et*Alexandre, et malgré Il j’allait que gran-
tout, que le ‘progrès se fit sentir.
dissant depuis l'avènement du roi Pierre. en effet. Pour ce (qui concerne de Milos nous M'avions qu'un lycée en tout, nous en avions 26 ten 1898, et mous 1 en avons 53 à l'heure présente, ce qui fait (que le nombre en fut doublé en ces seules quinze années (dernières. En 1839, loute la Serbie n'avait que 5 lycé
Le progrès fut rapide, les écoles, tandis qu'à l’époque
la seule ville de. Belgrade en a 7. Quant élèves de l’enseignement a aujourd'hui plus que ! 26 ans.
: Et l'enseignement universitai dix ans que l’Université de Belgr ainsi la Grande Ecole (à laquel beaucoup), il n'y a pas de comp le progrès de la jeune institution affirmer qu'il n'y a aucune qui puisse se mesurer pragrès — qui est dû p dition, à l’éloquence que mes, leurs cours, aussi bien qu'au $ë au travail persévérant de nos € chose aussi aux circonstances mi favorables, I1 y a vingt ans que n0$ avaient 60 francs de budgel annuiel ; Séminaire de langue, littéra institut connu sous le not budget régulier f MM. Denis et Haumant ont honorë visite, ils ont pu voir ses trois 5 blancs, montant au 1plaî ont pu y trouver, parmi Ses T
quant au rôle décisif des Serbes .
les contrées qu'il leur avait.
es, aujourd’hui
jau nombre des
secondaire, Belgracle seule en
oute la Serbie n’en avait il y a ne
re! Bien qu'il n'y a que ade fut créée, remplaçant le, sans doute, elle doit araison entre elles, tant fut grand. Je peux même autre Université aux Balkans |p avec celle de Belgrade, Et ce rincipalement au zèle, à l'érus collègues déploïent dans c : : 1 rieux. à l'amour. d'études, [âgés tai jeunes encore qui les cullivent, qui ÿ appliquent tudiants — doit. quelque atérielles, devenues plus séminaires littéraires aujourd’hui le .seul ture et histoire serbe, le bel n de Séminaire (serbe, a un de 4000 francs par année, Et lorsque ce séminaire de leur alles, avec des rayons ond et remplis de livres; ils 300 ouvrages, et des mieux
lea général en chef de ses armées, en exécution des ordres qu'il a reçus, tombe à l'improviste sur ke front greco-serbe, qui leculs devant cette attaque inattendue, mais qui prend sa revanche le surlendemain et infligeant aux Bulgares une défaite irréparable, d'autant plus irréparable que la Roumanie se.Joint aux coalisés trahäs pour châtier le coup de Jarnac, et que les Turcs marchent sur Andrincpte et s'en emparent. Voilà donc la première défection di personnage.
La seconde est cella dont nous sommes les témoins À l'heure où l'écris et dont le dénoue ment sera sans doute connu ou bien près de l'être quand paraîtront ces lignes. IL est probable que nous rerons longtemps encore la préparation et les dessous de ce plan ténébreux. Tout ce qu'on en peut dire, c'est que si son exécution n'est pas une comédie concertée avec l'empereur allemand, il est de la part de Ferdinand la
preuve qu'il se sent perdu et qu'il cherche à 5e.
faire pardpnner sa conduite de 1915.
Ce que nous lui reprochons, ce m'est pas d'avoir oublié ses origines françaises. Ce n'est pas d'une belle âme, mais il pourrait objecter que s'il y était resté fidèle, il aurait méconnu ses origines allémandes. Par sa mère et par sa première femme, äl est Bourbon, mais par son père il est Cobourg. Il n'est pas Le premier souverain qui eût sacrifié son pays d'origine à son pays d'adoption. Devenu pure royal de Suède, Bernadcitte combattit en 1815 contre la Franca dans les rangs de la coalition et le roi da Roumanie, bien qu'Allemand et Hohenzollern, n’a pas . hésité à prendre les armes au profit da l'Entente.
— Je ne suis plus que Suédois, disait l'exmaréchal de Napoléon, À AR
— Je ne suis plus que Roumain, disait le roi de Roumanie en prenant [es armes pour les Alliés.
Non, là n'est pas le crime. Celui du tsar des Bulgares consiste À avoir joué une comédie pour inspirer confiance aux Etats de l'Entente, fn affirmant sa neutralité, tandis qu'il: traitait sous main, avec les Allemands: c’est de s'être fait, durant des années, un titre à la bienveillance du gouvernement français et de l'avoir gagnée lorsqu'il en à eu besoin en protestant de son amour pour La France, @t enfin d'avoir laissé entendre qu'il resterait neutre tandis qu'il travaillait contre mous. f
Du reste, dans cet acte décisif de 5a carrière, il s'est montré semblable À luiimême. IL a abandonné les gouvernements dont il s'était fait le complice, comme il nous eût abandonnés s'il 5e fût allié à nous et nous eût sentis au bord de l'abîme. En lächant l'Allemagne, l'Autriche-Hon:grie et La Turquia il avoue qu'il tient nos ennemis pour définitivement gondamnés et il cherche à sauver sa mise. Ce n'est pas en aban: donnant ses complices qu'um malfaiteur se dérobe aux responsabilités qu'il a encourues, et ce n'est pas parce que, cette fois, l'attitude du tsar Ferdinand nous est profitable que nous
pouvons oublier quelle fut, dans une heure cri-
lique, sa conduite envers la France. * Ernest DAUDET. (« Le Figaro »)
I,a démocratie bulgare
Le publiciste bulgare, M. Micheîf, a pu-:
blié dernièrement un nouvel ouvrage de propagande, tendant vainement à aflénuer l'impression produite en Suisse par les micetings de protestation contre l’enrôlement forcé des Serbes dans l’armée bulgare, M. Micheff s'attaque particulièrement à M. de Rabours, celui-ci ayant affirmé, au cours de l’un de ces meltings, que la Serbie comme pays démocratique est la Suisse des Balkans.
d) D. Micheff: « La Bulgarie et la Serbie devant l'epinion publique. »
llaves, ét'ils ont pu y jouir
C’est de celte Université, 6 par les sert à
on étudie la géologie,
comment ! leurs recherches que sui
aujceur
ments d'histoire serbe el
Quant aux lettres,
nous jusqu'à poésie lyrique était publiée
à x
assortis, tout ce qui concerne les études serbes et yougode la vue des jeunes/étudiants les abeilles dans une ruche. aussi bien que de l’Académie Royale, deux principaux foyers de recherches, que sortent aujourd’hui des études consciencieuses et pénétrantes, qui creusent plus profondément le champ de science cultivé générations antérieu gramme scientifique de plus l bc l'étude du sol natal fait l'objet de ces recherches.
qui y travaillaient comme .
res
On étudie la géographie de loutes les provinces 56 la flore et la faune; on fait (des fouilles préhistoriques; on étudie les dialectes; on fait des
nts romains et sur les belles
recherches sur les monume È ] notre moyen-âge; on fait des
créalions architectoniques de ( études de tout notre passé littéraire; avec l’histoire yougoslave entière, j Tandis qu'autrefois nos hisloriens ne basaient quelques annales d'hui on fouille toutes les archives, de Raguse. au Mont Athos, de Venise à Rome et de cœur y trouver de nouveaux et beaucoup plus riches docu-
yougoslave, D’autres sciences, de caractère moins national, sont aussi en plein essor. Et pour chaque branche de science il y a un groupe d'hommes
{a méthoue scientifique la plus rigoureuse, 1£ 1 grand amour du travail. Leurs travaux sont publiés principalement en serbe, mais aussi, et bien des fois, dans les revues scientifiques de l’étranger.
nous avons une excellente de poètes modernes, dont la resque et l’éloquence poétique n'ont pas été atteints chez maintenant, et si en français, je ne doute pas blic les beautés grandes et
qu’elle n’eût révélé au pu * originales Ià où l’on ne s’y attendait guère. Nos nouvelles
Or nous affirmons à notre tour que la thèse de M. de Rabours est juste, qu'il n'y a pas de comparaison possible entre la démocratie serbe et la démocratie bulgare, que la première s'affirme comme un régime politique oùla souveraineté du peuple est nettement reconnue; tandis que la Seconde est une fiction et une négation
de tout ce qui touche à la démocratie et
aux idéals humains,
- J'ai vécu longtemps en Bulgarie, j'ai collaboré à presque tous tes journaux bulgares, j'ai même pris part à ses letteis politiques; je puis parler en connaissance de cause des institutions de ce pays où la liberté de la parole et de la pensée n'a jamais existé et où la ‘Constitution n’est qu’un jouet dans les mains du tsar Fedrinand, M. Micheff conviendra avec mhi qu'aucune liberté n’est assurée aux #“lecteurs bulgares et que les préfets et les gendarmes imposent aux cifoyens, par la terreur et la violence, la liste des candidats gouvernementaux, IL n’y a pas un seul exemple dans les annales parlementaires bulgares — excepté le cas du cabinet de fonctionnaires présidé par Ratcho Petrof — qu’un gouvernement se soit trouvé en minorité aux élections; il n’y a pas un seul exemple qu'un gouvernement ail pu être renversé par le Parlement, tandis qu'on ne compte plus les cas où le gouvernement dissout, sans préambule, la Chambre des Députés pour en convoquer une autre à son service, avec une majorité absolue et docile. Les chiffres que je possède à ce sujet sont particulièrement suggestifs, Les 180 députés libéraux (cabinet Goudef Petkof, 1903-1908) ont été réduits, par le premier gouvernement de M. Malinoff (1908) au chiffre éloquent de. 6! Par contre, le parti démocrate, qui, pendant le régime Goudef-Petkof ne comptait au Parlement que 11 (onze) partisans à lui, une fois venu au pouvoir, a réussi en six semaines à porter ce chiffre à 177. En 1910-12, le cabinet Ghechoff-Daneff comptait une majorité de 170 députés (narGdniaks let tzankovistes), Tombés du pouvoir, les partis politiques de ces deux hiommes d'Etat ne comptaient plus que... huit partisans dans un Parlement élu par les gendarmes de M. Radoslavoff. Aujourd'hui, il y a 110 députés radoslavistes au Parlement bulgare; M. Malinoff les réduira à zéro et, par le pouvoir qu'il exerce; ses 85 députés dépasseront certainement, aux prochaines élections, le chiffre de 150. Il faut lire à ce sujet la déclaration récente de M. Malinoff faite à un correspondant du « Hirlap » de Budapest et mentionnée par la « Neue Freïe Presse » du 21 août et dans laquelle M Malinioff assurait que le petit chiffre de députés de son parti ne l’inquiétait point! Les événements actuels en Bulgarie le démontrent d’ailleurs jusqu'à l'évidence,
C'est qu'en Bulgarie ce n'est pas le peuple qui par sa volonté ramène au gouvernement un parti politique, mais au contraire, c’est le roi qui se choisit un gourvernement à sa convenance et c’est alors à ce gouvernement de se créer. un& majorité, par la force du pouvoir gouvernemental. Si les élections ne donnent pas des résultats tout à fait satisfaisants, on procède à de nouvelles élections, comme M. Radoslavoff a fait en 1918.
Contrairement à ce régime de cryploabsolutisme, nous voyons en Serbie un régime démocratique nettement affirmé ; nous pouvons citer des cas où la minorité ayant battu le gouvernement aux élections, a été appelée, dans la suite, au pouvoir, par la volonté du peuple.
et embrassent un pro-
en plus vaste. Tout ce qui|e littéraires
serbes ;
on en fait de même et ainsi de suite. Et
serbo-slaves,
’aris à Pétrograde,
et qui ont un
. pléiade grâce, l'élégance, le pitto-
une anthologie de notre
sont quelquefois de véritables modèles de com prochable et de correction de style, quelquefois des études: de psychologie hardie, pénétrante et très réaliste, et contiennent des traits artistiques très curieux. Dans la critique littéraire, une génération entière s’est élevée dans les idées de Sainte-Beuve, distingue par un goût délicat et sûr, tuelle très vaste el très variée et un style des plus riches et des plus corrects. Et ainsi de suite. Et dans nos revues se déroulent aux yeux genres d’une littérature jeune, fraîche, forte et originale, et ces revues n’ont au fond rien à craindre d’une comparaison aux revues littéraires de l'étranger. Jai l'air peutêtre de louer trop, mais je vous assure que je tâche de ne dire que la vérité. +
C'est par une littérature pareille que la Serbie s’est fait un rang éminent entre les autres provinces serbes. Et tandis qu'autrefois elle recevait tout l’élan littéraire de ces mêmes provinces, c’est aujourd’hui elle qui le donne à celles-ci. La poésie exquise de Vojislav Ilic fit naître les poètes de la Bosnie et l’Herzégovine. L’excellent nouvelliste Lazarevic fut imité par bien dies nourvellistes de la Bosnie, de l'Herzégovine, de la Hongrie méridionale, de la Dalmatie. Ce sont les littérateurs de Belgrade qui remplissent presque entièrement les revues littéraires de Novi Sad, de Sarajevo, de Mostar, de Cetinje, de Raguse. Cest «le style de Belgrade » qu'on s'efforce d’imiter partout, un style, d’ailleurs, d'œuvre français. Et voilà pourquoi l’éminent publiciste de Raguse, Antun Fabris, écrivait en 1904 : aujourd’hui, sans contredit, le centre littéraire et scientifique de toute la nation serbe. Au moyen-âge c’est Raguse qui était la cité athénienne serbe, Novi Sad l'était jusqu'en 1870, et c’est Belgrade qui l’est maintenant. Cela est incontestable, quoi qu'on en dise. »
En Serbie, la Couronne se tient strictemient à son rôle de monarque constilutionnel, laissant aux forces sociales, incarnées dans les partis politiques. de gouverner le pays. C'est ce qu’on appelle le régime parlementaire, En Bulgarie, Île roi gouverne et règne, en même temps. De tous les pays de l'Europe, pour né parler que du vieux monde, il n'y a que la Prusse et la Bulgarie qui possèdent au-dessus du gouvernement formel un autre gouvernement supérieur et souverain, c’est le cabinet civil et militaire du roi, En Bulgarie, le chef du cabinet civil du tsar Ferdinand, M, Dobrovitch, a même plus de pouvoir effectif que son collègue en Prusse! Et M. Micheff a le courage de reprocher à M. de Rabours de n'avoir pas appelé la Bulgarie la Suisse des Balkans! C’est une idée bien étrange que ce monsieur se forme de la Suisse et de ses institutions démocratiques!
Pour donner encore une idée plus précise du fégime politique bulgare, il est utile de citer ce que l'organe du gouvernement actuel, le « Préporetz », a écrit dans son numéro du 18 juillet sur le Ministre-Président précédent, M. Radoslavoff:
« Le gouvernement de Radoslavoff était la maison d'un déséquilibré. Les ministres, ses collègues, se contentaient de la gloire d’être ministres, Is ne connaissaient guère les affaires d'Etat. Radoslavoff ne leur communiquait rien, ils n’osaient rien. lui demander et apprenaient tout par Iles journaux. À leur propre honte et à la honte de la Bulgarie, c'est bien la vérité. Du reste Radoslavoff lui-même ne s’occupait absolument de rien. Sa politique envers les alliés consistait à exécuter toujours ce qu’on lui demandait... Même après avoir accepté le pouvoir, il a continué à tout ignorer; il fut appelé simplement au pouvoir lorsque tout était prêt. Personne ne voyait en lui un homme intelligent, on. ne savait qu'une chose: c'est qu'il était prêt à devenir tout ce que l'on voudrait; pourvu qu'on lui permette de piller la Bulgarie avec ses apaches… J'ai failli oublier quelque chose, Radoslavoff est le plus grand menteur qu’on ait jamais vu. »
Est-ce que c’est là le portrait d’un ministre démocratique? Est-ce que le pays qui est gouverné pendant cinq ans par un tel ministre-président, peut prétendre au titre de démocratique?
Pour terminer, jé veux rappeler encore ce qui suit:
En 1910, le gouvernement Ghechoîf cassa un député de l'opposition, cela tout simplement parce que ce député pouvait devenir tout particulièrement gênant, Ce député ne resta au Parlement que huit jours. Je entends aujourd’hui encore, protestant contre cette atteinte aux libertés sacrées des représentants de la nation. M. Micheff, qui, aujourd’hui, cherche à faire croire à l'opinion publique européenne que la Bulgarie est un pays de libertés, se Isouviendra, certainementt, des paroles énergiques de ce député contre le régime personnel et peu démocratique existant dans le pays car ce député n’était nu! autre que... M. Micheff, lui-même.
Léon SAVADJIAN, Directeur de T Agence Balkanique.
a Société Génevoise d'Edit. et d'Impr. — Genèva
sition irré-
de Taine et de Lemaître, el sé une culture intellec-
du lecteur tous les
né de la lecture des chefs.
« Belgrade est
(A suivre) .
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