Le Comité de salut public de la Convention nationale

CONCLUSION 345

l'application serait impossible ou dangereuse ; qu’à ces époques fatales, les gouvernements puissent et doivent s'élever au-dessus des lois, frapper, s’il en est besoin, ceux qu’elles épargnent, épargner ceux qu'elles frappent, séparer le fait du droit et la justice de ses formes ; en un mot chercher leurs motifs et leurs règles dans l'intérêt suprême du salut de l’État, dont alors ils sont uniquement responsables : c’est ce qu’on ne peut nier, à moins qu'on ne prétende qu'il est prescrit aux nations de descendre au tombeau plutôt que de s’écarter, un seul instant, d'aucun des principes, d'aucune des formes établies dans d’autres temps et pour un autre but. »

Il est indéniable que les résultats de la Révolution française constituent une précieuse acquisition pour l'humanité. Et cependant, si l’on remonte à la source de ce grand bien, qu'y trouve-t-on? — Un grand nombre d'actes fous, stupides ou criminels. Comment ceci a-t-il produit cela? Mystère! — De mème pour le Comité de salut publie : assurément, parmi ses actes, il en est de mauvais; mais l’ensemble de l’œuvre collective est bon. Qu'importe, alors, que, dans la résultante définitive, il entre quelques éléments impurs ?

Le Comité de salut public a donc droit à notre reconnaissance, et sa création a été à la fois une nécessité et un bien. Les hommes qui l'ont composé, et dont le nom provoque dans la postérité un mystérieux sentiment de fascination et d'horreur, ne peuvent pas, par suite, être traités sommairement de coquins et de scélérats. Leur destinée participe de la fatalité et de l’inconscience du mouvement dans lequel ils furent entraînés. On trouve parmi eux beaucoup d'hommes de valeur; d’ailleurs tous furent élevés au-dessus d'eux-mêmes par