Le Comité de salut public de la Convention nationale

346 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

les événements : les plus doux et les plus timides firent le sacrifice de leur vie; les plus bornés trouvèrent un moment de supériorité; plusieurs sont de nobles et grandes figures; etsi quelques-uns, — Collot d’'Herbois, par exemple, — ne furent, selon la belle expression de Condorcet, que les « instruments très méprisables d’une révolution utile, glorieuse et nécessaire », peut-être leur concours était-il indispensable, et peut-être M. Renan a-t-il raison de dire: « La marche du monde se fait par l'impulsion des fanatiques et des violents. (Dans une révolution), les hommes valent en proportion de leur laideur. Tout y sert, excepté le bon sens et la modération. Les fous, les scélérats, les incapables y sont attirés par le sentiment instinctif que leur moment d’être utile est venu. Ces ouvriers d’une œuvre de géants, envisagés en eux-mêmes, sont des pygmées. C'était l’œuvre. [qui était grande, et qui, s’emparant d’eux, les faisait grands. La situation les saisissait, les enfiévrait, les transformait selon ses besoins; quand l'accès était passé, ils se retrouvaient ce qu'ils étaient auparavant, c'est-à-dire médiocres... Ce furent des inconscients sublimes... Il ne faut pas les proposer à l'imitation ; ceux qui les imiteraient seraient des scélérats. Nous les aimons à condition qu'ils soient les derniers de leur école (1). »

À plusieurs reprises on a tenté de ressusciter le Comité de salut public.

Dès mars 1796 fut constitué, par Babeuf qui enétait le président,un Comitéinsurrecteur de'salut public de quatre membres, destiné à servir de centre occulte à la tentative communiste des égaux ; de ce Comité dépendaient

(1) Discours prononcé à l’Académie française, le 22 février 1889, en réponse à M. Claretie.