Le drapeau du 27e régiment d'infanterie

46 LE DRAPEAU DU 27° DE LIGNE

point. Quant à Ney, retardé par son changement de direction qui l'avait mis à une journée de marche derrière l'Empereur, il fallait lui éviter le coude de Géra.

Dans l'après-midi du 13, le maréchal, impatient d'apprendre des nouvelles (car il avait quitté Auma le matin même, sans connaître le but de son mouvement), devançait sur la grande route son avant-garde, que les deux divisions suivaient à une grande distance, lorsque, deux lieues avant d'atteindre Roda, il reçut du major-général l’ordre d’obliquer encore à gauche, et de marcher vers Iéna avec la plus grande hâte, en tâchant de regagner le temps perdu; lui-même devait prendre ses dispositions pour assister à la reconnaissance de nuit que ferait l'Empereur en avant de nos lignes.

Le général communiqua cet ordre aux généraux Marcognet (1) et Marchand, et partit aussitôt à la tête de son avant-garde. Cette vaillante troupe, composée des deux bataillons de grenadiers et de voltigeurs tirés des 3* bataillons du corps d’armée, d’un régiment léger et d’une brigade de cavalerie, ne s'arrêta pas un instant. Aprèsune marche extrêmement pénible par cette nuit obscure et froide, elle traversa à cinq heures du matin le pont et les rues désertes d’Iéna, graviten silence, au milieu des ténèbres, la montagne escarpée qui domine la rive gauche de la Saale, et vint camper à gauche du carré de la Garde Impériale, qui s’y trouvait en position depuis minuit. On apercevait, en face de l’étroit pla-

(1) Le général Marcognet, commandant la 4re brigade de la 1" division (25: Léger et 27° de Ligne) avait pris le commandement de la division en l'absence du général Malher, en congé. Il était fort populaire parmi les soldats, ét connu pour sa bravoure et son originalité. Dans l'attaque du fort de Scharnitz (1805) par le 27 et le 25° Léger, il ordonna à un tambour de rester près de lui en portant une tête de chou au haut d’une perche, et de l'abattre s’il était tué. 11 dit ensuite aux officiers: « Tant que vous verrez la tête de chou, vous direz: Pierre Marcognet est là. Si vous ne la voyez plus, le plus ancien colonel prendra le commandement » (Souvenirs du duc de Fezensac.)