Le drapeau du 27e régiment d'infanterie

56 LE DRAPEAU DU 27° DE LIGNE

nos deux bataillons, entraînés par leurs officiers, s’élancèrent avec vigueur, traversèrent la rivière, fort encaissée en ce point, en s’aidant des branches des arbres, puis, escaladant la pente abruptede la rive gauche, arrivèrent, baïonnette au canon, jusqu'à deux cents mètres des carrés russes. Notre division, qui occupait le centre de la ligne de bataille, fut la première reformée sur le plateau, et elle eut alors à soutenir seule une contre-attaque meurtrière pendant laquelle le Général Canrobert fut blessé en avant du front du 27° ; mais les divisions de droite et de gauche, arrivant à leurtour, nous dégagèrent par leurs feux croisés, et reprirent une offensive énergique qui força les Russes à battre en retraite.

La première étape, la plus importante pour le moral de la troupe, était faite : dès lors, l’armée alliée, sans quitter son ordre de bataille, traversa successivement la Katcha, le Belbeck, et enfin la Tchernaïa, dernier rempart de l'ennemi en rase campagne; après des reconnaissances, qui furent autant de combats, elle parvint à contourner le polygone des ouvrages russes, et s'établit définitivement (2 octobre), au sud de la presqu'île, formant un immense demi-cercle autour des redoutables défenses de Sébastopol. Presque au même moment, lemaréchal de Saint-Arnaud succombait à une attaque de choléra, et le général Canrobert lui succédait, remplacé lui-même à la tête de la 1° division par le général de MacMahon. Aussitôt l'investissement terminé, on divisa l'armée en corps de siège et corps d'observation, et les opérations du siège proprement dit commencèrent immédiatement. Comme il était important de pousser les travaux avec le plus d'activité possible pendant cette première période, on y employa provisoirement des régiments appartenant à la seconde catégorie, entre autres le 27°, qui ne reprit son poste de bataille qu'après l'attaque du camp de Balaklava (25 octobre). Pendant les longs mois de l'hiver 1854-55 et pendant