Le drapeau du 27e régiment d'infanterie

SÉBASTOPOL 59

350 mètres et large de 150, couronnait un mamelon qui dominait la moitié de la place, prenait de revers le Redan attaqué par les Anglais, n’était qu'à 1,200 mètres du port où s’abritaient les derniers vaisseaux russes, et menaçait la seule voie de retraite de l'infanterie ennemie, un pont de bateaux traversant la rade. Malakoff était done la véritable clef de la défense de Sébastopol ; aussi les généraux russes avaient-ils massé dans ce poste d’honneur plus d’une division d'infanterie, soutenue par d'importantes réserves. Les glacis en étaient minés, les talus garnis de fougasses, l'artillerie formidable ; mais par contre, le terre-plein de l'ouvrage, couvert d’une multitude de traverses, qui pouvaient permettre à des soldats agiles et audacieux de rester abrités tout en avançant, égalisait les chances entre l'attaque et la défense : et les assaillants étaient ces endiablés de Français !

Le 7 septembre, à 4 heures, le colonel Adam réunit tous les officiers du Régiment pour leur apprendre la mission qui leur était confiée. Il recommanda surtout de ne pas s'amuser à faire des prisonniers ni de s'occuper des blessés, et il termina en disant qu'il comptait sur le Régiment, et que, malgré sa blessure qui le faisait encore beaucoup souffrir, il aurait l'honneur de le mener lui-même au feu pour partager ses succès où mourir avec lui.

Le lendemain 8, à 7 heures du matin, le 27° de Ligne se réunit au milieu du camp, en grande tenue, sans sacs; les hommes n'avaient emporté que leurs bidons, des vivres pour 36 heures, et 80 cartouches. Chacun des trois bataillons fut organisé en 4 pelotons, un de grenadiers, un de voltigeurs et deux de fusiliers. Ils n'offraient pas en tout un effectif de plus de 850 à 900 hommes ; quelques compagnies n'avaient plus qu'un officier, les autres étant malades ou blessés. Mais un même esprit animait tous ces braves, le désir de vainere pour la Patrie, qui suppléait au nombre