Le drapeau du 27e régiment d'infanterie

60 LE DRAPEAU DU 21° DE LIGNE

en faisant de chaque soldat un héros. Deux ordres du jour, vibrants des plus nobles paroles, signés l’un Mac-Mahon, et l’autre Bosquet (1) furent lus à haute voix. Puis le général Vinoy réunit sa brigade, et la colonne prit le chemin de Malakoff. A quelques centaines de mètres en avant du saillant, se trouvaient les ruines d’un ouvrage russe emporté au milieu de juin, le Mamelon-Vert, qui, peu de jours auparavant, avait fait explosion, creusant à bonne distance de nos travaux d'approche une place d'armes large et profonde. C’est là que devait s’abriter le gros de la colonne d'assaut. La brigade de Vinoy, retardée dans sa marche par la rencontre d’un corps anglais gagnant son poste de combat, n'eut pas à subir l’énervement d’une longue attente dans la tranchée ; à onze heures et demie seulement, nos trois bataillons étaient à leur place au Mamelon-Vert, etle signal allait être donné à midi sonnant. Vers neuf heures du matin, les 800 bouches à feu des alliés avaient diminué leur tir, auquel avait succédé l'explosion de toutes les fougasses en avant des redans et des trois fourneaux de mine préparés sous le glacis de Malakoff; à onze heures quarante, le feu de l'artillerie est repris avec violence. Vingt minutes après, il cesse tout d’un coup. C’est le signal convenu ! Aussitôt de toutes parts les clairons sonnent, les tambours battent la charge. On n'entend qu'un cri: En avant !

La première brigade, chargée de l'attaque du saillant, y pénètre en un clin d'œil et plante sur le rempart le drapeau des Zouaves. Le premier bataillon du 27° de Ligne, le colonel Adam en tête, suit d’instinct le mouvement de cette brigade, jette ses ponts volants sur le fossé, à demi comblés par les débris de l'escarpe, et, franchissant le parapet, débouchant par les embrasures, s’élance sur le terre-plein au moment où l'ennemi, revenu de sa

(1) Le ® Corps (Bosquet) formé le 15 février, comprenait les divisions de Mac-Mahon et de La Motte-Rouge.