Le drapeau du 27e régiment d'infanterie

SÉBASTOPOL 61

stupeur, et sorti de ses abris, ouvre de toutes parts un feu terrible contre nos têtes de colones. Le commandant [ratsoquy est fusillé à bout portant par les canonniers russes : le colonel Adam, le bras en écharpe, s'appuyant sur une canne, prend alors luimême le commandement du bataillon, et dirige avec une vigueur et une énergie irrésistibles l'assaut des premières traverses, que les Russes, stupéfaits de tant d'audace, sont forcés d’évacuer l’une après l’autre.

Pendant ce temps toute la brigade Vinoy, à l'exception de notre 1° bataillon, après avoir longé le fossé oriental du bastion en éprouvant de grandes pertes, à travers les carrières et les trous de bombes qui arrêtent à chaque instant sa marche, gravit le talus extérieur au delà des traverses défendues par l'ennemi : elle apparait tout à coup sur son flanc gauche, et une sanglante mêlée s'engage à la gorge de l'ouvrage. Mais au milieu de la fusillade et de l'éclair des baïonnettes, déjà rougies de sang, on voit flotter au vent, planté sur le parapet de la face gauche du bastion, le Drapeau du 27°, gardé par une troupe superbe dans son immobilité, les grenadiers du 2 bataillon (capitaine Duguerchets). C’est de ce côté que les Russes dirigent, de leurs traverses centrales, le feu le plus épouvantable ; tous les sous-officiers qui entourent notre aigle sont tués ou blessés ; auprès d’elle, le chef de bataillon, M. Schobert, tombe à son tour ; le capitaine Duguerchets est traversé par un boulet; le porte-drapeau Jasserand reçoit un éclat dont le choc est amorti par la hampe et le blesse au lieu de le tuer: le drapeau tombe de ses mains et .est relevé par le sergent Oddo, des voltigeurs. Dans cette fournaise sanglante, les deux brigades ont progressé sans cesse l'une vers l’autre : enfin toutes les traverses de gauche sont conquises, et les braves de nos deux bataillons peuvent se donner la main

pour enlever ensemble celles de droite. Les Russes, pressés, accu8