Le drapeau du 27e régiment d'infanterie

62 LE DRAPEAU DU 21° DE LIGNE

lés au parapet de droite, refoulés par les feux du saillant, soutiennent vaillamment la lutte; leurs généraux, et peu à peu tous leurs officiers supérieurs tombent sous nos balles. Après un effort désespéré, confondus, sans chefs, les défenseurs du bastion se retirent en désordre sur le corps de place, et nos soldats se précipitent pour occuper le front de gorge et prévenir un retour offensif. Enfin Malakoff est à nous ! Il est une heure après midi.

A ce moment la division Mac-Mahon était seule victorieuse. Pendant que les Anglais, décimés par l'artillerie russe, renonçaient à tenter l’assaut du Grand Redan, les troupes du général de La Motte-Rouge, lancées contre la courtine du Petit Redan, étaient repoussées avec pertes, et empruntaient vainement à notre division quelques-unes de ses réserves, entre autres le 3° bataillon du 27° de Ligne (commandant Wirbel) qui soutint un moment la retraite de cette division. — Le feu continuait cependant sans relâche. Les vaillants défenseurs du dernier réduit du bastion, qu’on appelait la Tour Malakoff, venaient de mettre bas les armes, et notre division, formée en bataille sur le front de gorge, ses aigles plantées sur le parapet, poursuivait le combat contre les Russes retranchés dans la seconde enceinte. À peine avions-nous pris position, la gauche du 27° appuyée à la Tour Malakoff, que l'ennemi déboucha sur notre front, en trois masses profondes.

C'était le suprême effort de l’armée assiégée, après les décharges meurtrières de nos feux de salve presque à bout portant, commença avec ces trois torrents humains un véritable combat de sauvages. Au milieu des cris, des injures, des coups de fusil et des luttes corps à corps, les cadavres s’entassaient dans un étroit espace qui fut bientôt rempli de blessés et de morts, Français et Russes pêle-mêle. Au bout de deux heures aucun progrès n'avait pu être fait par les attaques ennemies; à 4 heures du soir, l’incendie d’un monceau de gabions, qu'on avait négligés, gagna un