Le drapeau du 27e régiment d'infanterie

NOS ANCIENS DRAPEAUX 9

lesiège de Casal en 1630, où Villeroy, appelé à occuper un poste périlleux, confie-ses drapeaux à la garde destroupesde réserve(L) ; témoin encore le sang répandu au camp de la Sarre en 1727, auprès de ces mêmes drapeaux (2). On laissa donc, jusqu'à la Révolution, deux enseignes d'ordonnance dans chaquebataillon. Quant au drapeau blanc, qui entra au régiment de Villeroy en 1635, il n’appartenait qu’à la seule compagnie colonelle, propriété perconnelle du roi, et il n’était quele signe distinctif de l'autorité royale. Car nous n'avions pas encore de drapeau national.

C’est à la France de 1789, dans cette explosion d'idées grandioses d’où sortit la Révolution, qu'il était réservé de donner à tous ses défenseurs un emblème uniforme de cette conception nouvelle : la Nation. Le 15 juillet, le général La Fayette ajoutait à la cocarde rouge et bleue des vainqueurs de la Bastille, le blane, couleur du roi, et créait ainsi le Drapeau Tricolore, qui « devait faire le tour du monde. » Dès les premiers jours de la Révolution, la nouvelle cocarde fut reçue, acceptée, portée, par le Roi et la famille royale, comme le nouvel emblème de la Nation française. Ce n’est cependant qu'au bout d'une année (22 octobre 1790) que l’Assemblée Nationale prescrivit de remplacer, par des rubans aux trois couleurs, les cordons et glands bleus et noirs des enseignes, et les cravates blanches des drapeaux colonels. Mais, lorsque la fuite de Louis XVI, et sa déchéance solennelle comme traître à la

(1) Le régiment de Villeroy ayant capitulé devant les Espagnols, le maréchal de Toiras voulait, pour le punir, brûler ses drapeaux , il ne céda qu'aux prières du baron de Lugny, enseigne de la Mestre de Camp, qui avait refusé de signer la capitulation.

(2) Le jeune colonel d'un régiment de cavalerie voisin avait, après boire, imaginé « comme un bon tour » d'aller de nuit enlever, avec quelques compagnons, les drapeaux de Lyonnais. La sentinelle ayant donné l’alarme, on put arracher nos enseignes à ces écervelés ; mais les officiers de Lyonnais ne laissèrent point passer cette insulte à leurs drapeaux. « On s’est baltu, et il y a eu nombre de gens, de part et d'autre, blessés et tués » (Journal de Barbier).