Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

6 LE PACIE DE FAMINE

à leur époque, à l'égard de leur peuple, que bien des républicains modérés à la fin du XVITT siècle, à l'égard de leurs concitoyens.

Les historiens révolutionnaires ne se contentèrent pas de se placer à un faux point de vue ; lorsqu'ils se sont trouvés en présence des faits les plus invraisemblables, ils les ont admis sans la moindre preuve. Le.nombre de ces erreurs est tellement grand qu'il expliquerait seul le long temps qu'on a mis à les combattre, la difficulté que l’on éprouve à les détruire; il est plus facile d'admettre une erreur que de la réfuter, et il faudrait aujourd'hui des centaines de volumes pour discuter, preuves en mains, une histoire de la Révolution, même médiocrement développée, par exemple, celle de M. Thiers, dont il ne reste pourtant rien aujourd’hui aux yeux des lecteurs impartiaux et éclairés. Vient-il jamais à l'esprit d'un historien soucieux de la vérité de la citer comme autorité ?

Toutefois, nous pouvons le dire à l'honneur de l’époque actuelle, on commence à comprendre la nécessité de revenir, à l’aide d'une analyse précise, scientifique et purement documentaire, sur la plupart des faits généralement admis comme indiscutables. On n'avance plus qu'avec des précautions infinies ; et on laisse aux sectaires et aux ignorants l'illusion de croire qu'ils admirent la Révolution parce qu'ils ont l'esprit large.

Parmi les accusations portées par les historiens révolutionnaires contre l’ancienne monarchie, il en est une extrêmement grave, tant au point de vue général de l’histoire que par les atteintes qu’elle porte aux mœurs politiques d’illustres et honnêtes personnages ; nous voulons parler du PAGTE DE FAMINE.

Les conclusions de ces historiens, si elles étaient fondées. condamneraient notre ancienne administration, non seulement dans une de ses branches essentielles, mais encore dans son essence même, en avilissant ceux qui furent appelés à son fonctionnement.

Un examen approfondi nous fera voir que ces juges ont prononcé leur verdict avec une légèreté et une sévérité dont ils n’ont pu trouver d'exemples que dans des pamphlets anonymes ou dans des libellesd’auteurs dontla moralité douteuse et la bonne foi intéressée rendent les affirmations tout d'abord suspectes.

Il ne paraïîtrait sans doute pas excessif de prétendre que ce n'est pas à ceux qui nient le Pacte de famine qu'il incombe de prouver la non-existence de cette odieuse association. C’est à ceux qui avancent le fait de l’établir par des pièces authentiques et des faits précis. En effet, démontrer par des documents et d'une facon