Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols
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Le Secrétaire d'Etat, qui avait bien voulu m'écouter avec attention, se récria en riant sur le mot: 72gueur, et me pria de le retirer. Je lui répondis du même ton que je le retirais de la conversation, par déférence, mais le maintenais dans ma conviction.
En somme, je le répète, les termes et surtout le ton de l’entretien me confirment dans la pensée qu'il n’y a plus là qu'une question de temps et de forme, et que le fond lui-même est à peu près gagné».
Le Département n'avait pas encore reçu le long et intéressant rapport de la Rosière au moment où il expédiait au comte de Latour-Maubourg, sur le point de rentrer à Rome, sa dépêche du 15 octobre, dans laquelle, en même temps qu’il lui faisait part de certaines réflexions inspirées au comte de Bresson, tant par les dispositions du Saint-Siège que par celles du Cabinet espagnol, il regrettait une fois de plus l'attitude expectante du Gouvernement Pontifical et, tout en invitant l'Ambassadeur à continuer ses efforts en vue de faciliter et de préparer un rapproehe- ment, lui recommandait de s'abstenir de toute insinuation au sujet de la médiation que le Gouvernement français avait été tout disposé à accepter.
«J'ai communiqué à M. le comte de Bresson (1) ce que vous m'avez mandé des dispositions toujours fort réservées de la Cour de Rome envers l'Espagne ainsi que la partie de la dépêche de M. de la Rosière, en date du 18 septembre, qui est relative à sa conversation avec le Cardinal Lambruschini sur le même sujet.
J'ai remarqué dans cette dépêche l'opinion, assez nouvelle pour nous, que le Ministre de Sa Suainteté a exprimée sur le compte de don Carlos et sus ce qui lui manque pour convenir à
l'Espagne. Le Cardinal a raison. Il est clair que, même en admet-
(1) Rome. Volume 085, n° 220, folio 178.—Paris, 15 octobre 1844. Le Département au comte de Latour-Maubourg.