Lepeletier de Saint-Fargeau et son meurtrier : documents inédits

15 LEPELETIER DE SAINT FARGEAU

et les plus humbles campagnards visaient à atteindre les mêmes hanteurs, cette pièce me semble pourtant digne d’une attention particulière :

« Citoïen président,

Hier au soir entre cinq heures et demie et six heures, un homme vêtue d’une redingote bleue, d’un uniforme nationale, bonnet de cuir surmonté d'une queue de renard est arrivé à Forges-les-Eaux venant par la route de Paris ; il s’est logé à l’auberge du Grand-Cerf, dont l'hotesse se nomme veuve Legendre; ses manières, ses disccurs, une espèce de couteau à poignard surtout qui servait de poignée à sa canne avec lequel il a soupé ont donné des inquiéludes.

Après avoir relaté les circonstances qui ont accompagné le sui. cide, la dépêche se termine ainsi :

« Pour nous dont le pouvoir se borne, d’après la police rurale, à faire enfouir au moins à quatre pieds de profondeur les animaux pestilentiels que sans cette précaution infecteraient l'air de notre territoire, nous aurions déjà enfoui celui-là à cent pieds sous terre, si nous n'avions pensé qu'il était prudent d'attendre à cet égard le vœu de la Convention, nous attendons donc qu'elle nous le fasse connaître sur Le champ pour diriger notre conduite. Vous recevrés, citoyen président, cette dépêche par les gendarmes nationaux qui allaient se saisir de Pâris quand il s’est privé de la lumière qu’il n'aurait jamais du voir. »

Je laisserai ici de côté les lettres écrites sur l'heure aux ministres de la justice et de la guerre, puis au département de la Seine-Inférieure , et j'arrive à une seconde dépêche, savamment coupée de points-de suspension et d’un caractère tout lyrique que, dans son activité fiévreuse, le conseil général de la commune de Forges crut devoir adresser, deux jours après, à la Convention nationale.

« Tous les véritables français ont pleuré la mort de Michel Le Pelletier pour honorer en lui les vertus d’un grand hommes, pour regreter la perte de l'un des pères de la patrie. Que la France suspande un instant sa juste douleur. Si la perte de Michel Le Pelletier est un sujet de deuille public la destruction de son lâche assassin doit être un motif de joie universelle. Pris, le monstre Pâris est détrui, le scélérat c’est puni lui-même. Puissent tous ces pareils. ou plutôt trembler et se convertir!

Les communes que le monstre a traversées, les communes de Gisors et de Gournai, par exemples, ne regretteront-elles pas d’avoir laissé échapper l’assasin de la République? Non sans doute, nos frères de ces villes et autres communes n’ont pas de reproches à ce faire ; mais qu'ils apprennent que l'assassin Pâris a passé chez eux, qu’il a été reçu et allimenté à Gisors et vraisemblablement à Gournaï. Qu'ils apprennent que la petite et foible commune de Forges a mérité par son activité et sa vigilence de venger autant qu’il était en elle les mannes de l’un de nos plus dignes représen-