Lepeletier de Saint-Fargeau et son meurtrier : documents inédits

ET SON MEURTRIER. 21

municipalité a arrêté qu’il serait transporté dans la forêt voisine pour y être jetté dans un trou qui sera creusé à cet effet et pour l'exécution du présent arrêté; ce jourd'hui vendredi, premier février, sur les quatre heures aprés midy les citoyens Pierre Roux, officier municipal et CharlesAntoine Lehalleur, procureur de la commune étant chargé de maintenir l’ordre et accompagnés des citoyens Roche, sapeur de la garde nationale parisienne, de Nicolas Ricard, Louis Lherminier, Jacques Gautier et de Pierre Belleville, domiciliés en cette commune; le cadavre de Päris ayant été chargé sur une brouette, attaché avec des cordes, a été portés à l'entrée de la foret et jetté nud dans un troup profond d'environ six pieds, lequel a été recouvert de terre; puisse l’ignominie de ses obsecques attester à l’Europe entière le sentiment d'horreur que l’assassin du vertueux et respectable Michel Le Peletier Saint-Fargeau, représentant du peuple français, a inspiré à des hommes libres privés par cet acte de scélératesse d’un de leur plus pure et de leur plus incorruptible défenseur ; arrêle en outre qu'extrait du présent sera sur le champ adressé au Comité de sûreté de la Convention nationale ce que nous avons signé séance tenante, l’an et jour susdit.

« Fleury, maire, Jean-Louis Ricard, officier municipal, Le Rat, officier municipal, etc. »

Une fortune inattendue élait venue faire éclater le civisme de la commune de Forges et relever son nom; un témoignage particulier d'estime devait le lui prouver bientôt.

Le 14 février, l’an deuxième de la République française, le « comilé de correspondance de la Société des Amis de la Liberté et de l'Egalité, séante aux ci-devant Jacobin Saint-Honoré à Paris » écrivait à la municipalité de Forges :

« Citoyens, frères et amis,

« Le lâche assassinat d’un représentant du peuple, d'un ami sincère de la liberté et de légalité, devait partout exiter des vengeurs. Ce titre est dû à votre surveillance et à votre patriotisme ; la commune de Forges-les-Eaux aura la gloire d’avoir arrêté dans son sein un scélérat homicide, dont l’existance faisait horreur à l'humanité. Les Jacobins de Paris, ont comme vous versé des pleurs sur la tombe de Michel Lepelletier; ses traits ralumeront dans tous les cœurs la haine de l’esclavage et l'amour sacrè de la liberté, dont ce vertueux républicain fut un des premiers martirs.

« Frères et amis, le frère de Michel Lepelletier nous a enlevé le plaisir de vous envoyer son buste. Ce sera pour lui une jouissance bien douce de l'offrir à ceux à qui il doit une reconnaissance sans borne, vous le recevrez de lui; puisse son image nous rappeler à chaque instant ses dernières paroles, et nous faire ambitionner une mort aussi glorieuse, en mourant comme lui au poste que la liberté en danger nous a confié, celui qui dépend du salut de la patrie. . . AMEN :

« Toujours inflexibles dans leurs principes, toujours serrés autour de