Les ècus de cinq francs : esquisse historique et numismatique

314 BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE

d’ailleurs le poids et le titre des pièces authentiques ; j'ai eu entre les mains un de ces écus, sur l'authenticité duquel un banquier de Lausanne m'avait fait l'honneur de me consulter. Ma réponse négative ne pouvait être douteuse. Tout le monde paraît, d’ailleurs, s’être rendu promptement compte de la supercherie ; car, à ma connaissance, la circulation de ces pièces, qui valaient au poids à peine 2 fr. 50, s'arrêta net.

Le renversement de la dynastie d'Orléans et la proclamation de la République, en février 1848, amenèrent naturellement un changement radical dans les coins monétaires. Dès les premiers mois, le gouvernement provisoire, pris de court, employa, moyennant quelques menues retouches, les coins à l'Hercule de l'an IV, puis, par un décret du 3 mai 1848, il décida que « toutes les monnaies seraient gravées au type de la République », et ouvrit un concours pour la gravure de nouveaux coins. Vingt-deux artistes prirent part à ce concours, qui fut, en somme, très faible; le prix fut donné à M. Oudiné, pour la tête de la République (ou de Cérès, ainsi que l’a dénommée le public), couronnée de chène, de laurier et d'épis. Cette pièce, frappée dès 1849 et pendant les années suivantes, est encore fort abondante dans la circulation. Lorsque, au mois de décembre 1851, le prince LouisNapoléon Bonaparte eut été élu président à vie, son effigie et son nom remplacèrent, sur les pièces de 5 fr. la tête et le nom de la République ; les mots République française furent reportés sur le revers. Il existe deux coins à l'effigie de L.-N. Bonaparte, le premier, signé J.-J. BARRE, et connu dans le commerce des monnaies sous le nom d’écu à la mèche, déplut au président, précisément à cause d'un détail de sa barbe ou de sa