Les états généraux en France

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s'imposer à lui-même certaines barrières, et s’il les respecte, même aux jours des luttes électorales et des entrainements parlementaires. « Le grand mérite de la constitution anglaise, dit lord Brougham?, consiste dans la netteté avec laquelle elle reconnait et pratique le principe fondamental de tous les gouvernements mixtes, à savoir : que le pouvoir souverain de l’État résidant à la fois dans plusieurs corps séparés, le consentement de chacun d’eux est indispensable pour la validité d'un acte législatif quelconque, et qu'on ne peut apporter aucune modification aux lois existantes, ni leur ajouter un seul article, ni prendre aucune mesure qui affecte, si peu que ce soit, l'existence, la liberté, la propriété des citoyens, sans avoir préalablement obtenu le complet assentiment de tous les pouvoirs dirigeants, c’est-à-dire du souverain, des lords et de la chambre des communes. »

Voilà plus de quatre-vingts ans qu’on essaye de faire comprendre cela aux Français, et aussi de le leur faire pratiquer. Jusqu'à présent on n’a pas réussi. Sous prétexte que les Anglais et les Américains sont trop compliqués et qu'ils n’y entendent rien, nous donnerions volontiers des leçons de monarchie constitutionnelle aux uns, et de république aux autres. Nous sacrifierions la vie elle-même au désir de tout simplifier, moyennant quoi nous brouillons tout. Après avoir, pendant cent soixante-quinze ans, laissé dormir les États Généraux, et permis ainsi à la royauté d’usurper les pleins pouvoirs, il nous faut, à certaines époques, des assemblées qui ne soient pas seulement souveraines, mais qui le soient absolument et qui légifèrent en permanence. Cela dure jusqu’au jour où, fatigués du bruit qui se fait autour de nous, nous prions un prince ou un soldat de balayer la place, de nous mettre en repos, de chasser « les bavards, » comme on dit. L'homme se présente toujours, et, la chose faite, nous l’appelons notre sauveur; mais nous nous apercevons bientôt au’il ne nous a pas sauvés du tout. Trois années ou dix années s’écoulent, et on nous retrouve à l’autre pôle. Alors on nous voit de nouveau ne plus admettre d’autre autorité que la nôtre, et l'amour des extrêmes, la manie radicale, nous poursuivant toujours dans un sens ou dans l’autre,nous nous remettons à démolir ce que nous avons péniblement construit. IL semble malheureusement que tout bouleverser et tout défaire entre plus: dans nos aptitudes qu’essayer de corriger quelque chose. Attendre le but n’est pas ce qui nous préoccupe surtout ; c’est de l’atteindre par le plus court chemin, dussions-nous rencontrer en route d’affreux précipices, ne

1 De la Démocratie et des gouvernements mixtes.