Les derniers jours d'André Chénier
300 LES DERNIERS JOURS D'ANDRÉ CHÉNIER
charge, M. Paul Dimoff. Publication indispensable, et dont l'hommage ne manquera pas de plaire à tous les amis du poète, mais qui ne doit pas nous faire oublier la somptueuse édition des Bucoliques à laquelle notre cher José-Maria de Heredia donna ses soins avant de mourir, ni les admirables travaux de l'homme de goût, de science et dévouement, qui a consacré toute sa vie au culte d'André Chénier, et à qui Sainte-Beuve, dès l'année 1862, rendait ce juste hommage : « Voilà un de nos vœux les plus anciens et les plus chers qui est exaucé... Il restait un travail à faire et d'un détail infini, qui demandait une longue patience, un savoir ingénieux et sagace : c'était de traiter André Chénier comme un ancien, comme un classique qu'il est, de fixer son texte, d'éclaircir tout ce qui passe de voilé ou de transparent dans ses poésies, de les rattacher avec précision aux diverses circonstances connues de sa vie, de rassembler autour de lui toutes ses sources et ses origines littéraires... Un jeune admirateur de Chénier s’est de bonne heure voué à cette tâche qui suppose une piété toute filiale et qui apporte avec elle bien des délices... M. Becq de Fouquières aura désormais l'honneur d’avoir attaché son nom, d’une façon inséparable, à la destinée d’un jeune dieu... »
Ce « jeune dieu », dans sa prison, était torturé par les plus atroces souffrances que puisse nous infliger la misérable condition humaine. Il passait par des alternatives d'espoir et de désespérance. Il aimait la vie. Comment ne l'aurait il pas aimée, puisqu'il voulait en faire un si noble emploi? Né pour combattre, détourné de sa vocation militaire par une santé inégale à sa vaillance, il aurait voulu mener, tout de même, une vie militante.
Ainsi donc mon cœur abattu
Cède au poids de ses maux? Non, non, puissé-je vivre | Ma vie importe à la vertu;
Car l’honnête homme enfin, victime de l’outrage,