Les fêtes et les chants de la révolution française
l’ordonne : il faut des vers qui concordent. On demande donc à Desorgues d'ajouter huit vers, et c’est là le sens des mots : « Strophe ajoutée », que nous lisons sur l’autographe, et que nous retrouverons plus tard dans la partition gravée de l'hymne à grand chœur, —- tandis que, dans la même publication, l'hymne à petit chœur reproduira seulement les premières strophes, sans y joindre cette addition, spéciale au grand chœur. Ces observations confirment donc, sur un point, les renseignements en apparence contradictoires de Zimmermann et d'Hédouin. L'un disait : « Les paroles allaient très bien sur l’air déjà composé. » C'est exact, puisque, après avoir servi au musicien pour écrire son « petit chœur » elles pouvaient encore s'adapter aux premières strophes du « grand chœur ». L'autre prétendait au contraire que Desorgues « parodia l'hymne de Chénier », et cela non plus n’est pas complètement inexact : la « strophe ajoutée » en vient témoigner pour sa part.
Un dernierdétail. Dansles partiesséparées, chaque strophe musicale (autrement dit chaque période correspondant à deux strophes poétiques accolées, ou huit vers) est précédée d'un numéro : de 4 à 6 pour la version Chénier, de 1 à # pour le premier remaniement Desorgues, celui-ci ayant supprimé la 4 strophe de l’autre version, ainsi que la reprise de la dernière strophe qui, dans la version primitive était répétée, sur des paroles différentes, sous les ns 5 et 6. Dans l’autographe, où la numération correspond au contraire à la strophe poétique simple (4 vers), le dernier mouvement était numéroté d’abord : « 9° et dernière strophes », ce qui représ nte le n° 5 des parties séparées (version Chénier). Le n° 6 fut donc ajouté après coup Sur les parties. C’est là la seule différence, très menue, que présentent entre eux les documents originaux, et cette différence n’est pas une contradiction, puisqu'il s’agit d'une simple reprise dont Gossec a pu sentir la nécessité quand, son œuvre achevée, il en embrassa l’ensemble d'un seul coup d'œil : il dut prescrire alors aux copistes d'ajouter cette reprise, ce qui pouvait être fait facilement sans que le manuscrit en portât de trace; quant aux vers, il n’eut pas
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