Les fêtes et les chants de la révolution française
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parties, orchestration (il y a dix-huit parties d'instruments), — porter le manuscrit au graveur, — préparer les planches, graver la note, la lettre des huit strophes et des lignes de prose placées à la fin, — tirer des épreuves pour la correction, exécuter les corrections prescrites, — tirer, plier, livrer, — tout cela à une époque où les procédés rapides étaient inconnus... Pense-t-on que, matériellement, cela ait été possible? Quant à moi, je ne puis le croire, et tiens pour certain que, si le Comité de Salut public adopta le 147 prairial au soir l'Hymne à l'Être suprême, ce ne fut pas seulement aux vers de Desorgues, mais à l’œuvre complète, paroles et musique, qu'il donna son approbation, et que Gossec n'avait pas attendu si tard pour fournir à la collaboration la part qui lui incombait. Au reste, M. J. Guillaume, avec qui j'eus l’occasion de discuter cette question, a fini par admettre que Gossec, qui, au témoignage d'Hédouin recut les vers de Desorgues le 17 prairial à six heures du matin, a pu «les mettre en musique immédiatement, en escomptant l'autorisation du Comité, qui ne devait être donnée que le soir (Révolulion française, Septembre 1903) ». Nous sommes donc d'accord maintenant, à cette seule réserve près que le témoignage d'Hédouin ne me semble pas assez probant pour entrainer la conviction que Gossec a reçu les vers de Desorgues exactement le 17 prairial à six heures du matin, et que si le musicien à escompté l'autorisation, il a fort bien pu le faire antérieurement à cette heure-là.
Au reste — après tout ce qu'on vient de lire on le reconnaîtra — la plus grande incertitude règne sur ce qui se passa pendant les premiers jours du conflit. La date même du 16 prairial pour l'entretien de Sarrette et Robespierre n’est établie que sur des probabilités : il n’est aucunement impossible que cette entrevue ait eu lieu la veille, 45 prairial, jour où l’on nous dit précisément qu'il y eut communication entre l'Institut de musique et le Comité de Salut public, sans que nous en sachions l’objet. Le seul . document authentique que nous possédions sur ce qui se passa à l'Institut pendant ces journées est la lettre collective des musiciens reproduite aux pages 150-151; mais elle