Lettres inédites de Frédéric Gentz à sir Francis d'Ivernois (1798-1803)
io les plus sincères remerciments de ce que vous avez bien voulu me faire parvenir l’ouvrage de Mr. Becke !. Si cet homme de mérite comprenait la langue dans laquelle j'écris, il verrait avec plaisir quel profit j'ai tiré de ses calculs instructifs. En tout cas, je vous prie, Monsieur, de lui faire part de mes sentiments à son égard, et de ma reconnaissance.
Après tout, je puis dire, sans me rendre coupable d’aucune flatterie, que c’est vous qui m’avez, non seulement encouragé, mais aidé plus qu'aucun autre dans cette carrière. Rien de ce que vous avez dit sur les finances de l’Angleterre dans les ouvrages précieux que vous avez publiés sur celles de la France, n'a été perdu pour moi ; les principes que j’ai suivis sont les vôtres ; aussi c’est votre suffrage plus que tous les autres que J'ambitionne et qui me raffermirait dans mes résultats.
J’ai étudié avec l'attention la plus suivie limprimé que vous avez eu la bonté toute particulière de me faire parvenir au mois de mai”. Vous verrez dans ce que je dirai sur la dette nationale qu’il y a un point principal, par rapport au lequel (sic) je ne suis pas de votre avis. Je ne crois pas que les effets qui représentent cette dette doublent ce capital auquel ils se rapportent. Les bornes d’une lettre ne me permettent pas de vous exposer les raisons qui me portent à différer avec vous sur ce point-là : je les exposerai dans la suite du mémoire dont je vous présente le commencement dans les cahiers cijoints ; et peut-être vous trouvez les dignes (sic) de votre attention. En revanche, je suis convaincu au plus haut degrés (sic) que de toutes les manières imaginables de subvenir aux dépenses extraordinaires d’une grande nation, celle des dettes nationales, organisées comme elles le sont en Angleterre, est sans contredit la meilleure ; et dans cette conviction la lecture de votre ouvrage m’a non seulement confirmé plus que Jamais ; mais elle m’a en même temps fourni des idées, des apperçus, et des point-de-vue que je n’aurais Jamais rencontrés
1. Nous n’avons pu identifier ce personnage.
2. [l s’agit probablement du Tableau historique des pertes que la révolution et la guerre ont causées au peuple français. Londres, 1799.