Lettres inédites de Frédéric Gentz à sir Francis d'Ivernois (1798-1803)
RL
me vois à présent réduit à trois ou quatre personnes sensées, au milieu d’un déluge de raisonneurs pitoyables, et de faux philosophes. — Et quel avenir se prépare ! En effet, quand on voit partout l’espoir des bons trompé par la maladresse, l’incapacité, l’inertie, enfin la perfidie de ceux qui sont le plus intéressés à sauver le monde, et de l’autre part les entreprises des méchants couronnées par un bonheur sans exemple, il ne reste plus que de s’envelopper la tête et de gémir d’être né dans cette période la plus terrible de toutes que nous présente l’histoire de tous les temps.
Conservez-moi, Monsieur, votre amitié, une des grandes consolations qu’il me reste, et veuillez bien croire à la constance inébranlable des sentiments distingués avec lesquels je serai toujours
Votre très-humble et très-dévoué serviteur,
GENTZ,. Berlin, ce 25 octobre 1799.
VII
Berlin, ce 7 mars 1800. Monsieur !
Voici la traduction dont je vous ai entretenu dans une de mes dernières lettres. Comme vous ne m’aviez pas refusé directement l'honneur de la faire paraître sous vos auspices, j'ai pris la liberté de mettre votre nom à la tête de cet essai. Je vous le présente avec toute la timidité qui convient au sentiment profond que m’inspire le contraste entre la grandeur de l’objet et la faiblesse de mes moyens; mais enfin, vous le jugerez avec l’indulgence de l’amitié, et vous accorderez à la bonne intention le suffrage que vous n’accorderiez pas au mérite de l’exécution.
Je ne saurais vous en dire d'avantage aujourd’hui parce que je n’ai qu’un moment pour profiter de la bonté de Mr. Garlike qui s’est chargé de vous faire parvenir cette lettre par une occasion extraordinaire. Par la même raison je ne puis vous envoyer qu'un seul exemplaire, me réservant de vous faire