Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens
(11 ) Brigandage , le magistrat empêche le sang de couler ; il fait retirer le peuple et obtient du commandant la retraite de ses soldats.
L'après-midi, Custines arrive , rassure les Francfortois sur l'approche de l’armée ennemie, en promettant solemnellement au sénat assemblé qu’il aura soin, quoi qu’il arrive de préserver la ville dés horreurs d’un siège ; et le sénat fait aussi-tôt imprimer er publier les promesses et les propres expressions du général , avec exhortation aux habitans de se tenir en cas d’action , au sein de leurs familles, et de s'abstenir d’une curiosité qui ne pourroit que leur être dangereuse. Les sénateurs Kingenhermer, Rothan, Riese, Nef, Mootz; Muller, Scheult, Luther, Audréac et Steitz' ont passé la nuit du 28 au 29 aux corps-de-garde pour surveiller les polices qu'ils avoient établies dans les 14 quartiers de la ville, et les orires qu’ils avoient donnés aux capitaines dits les XXVIIZ, pour maintenir et pour préserver Les troupes françaises de toutes insultes.
Le 30, continuation de la surveillance des sénateurs, des magistrats, des échevins, des capitaines et patrouilles de la bourgeoisie.
Samedi premier décembre, le général Prussien fait une nouvelle sommation au commandant de la garnison Française, de rendre la ville le lendemain matin, en lui ofirant les honneurs de la guerre, et de retirer son avant-garde, pour assurer aux Français toute liberté de faire leur retraite; Vanhelden ayant ordre de déffendre la place, refuse de la rendre.
Dimanche 2 décembre, à neuf heures du matin, le peuple étant dans les temples et les églises, le bruit du canon annonce que la ville est assiépée , des boulets rouges avcient déja mis le feu à plusieurs maisons, sans aucun secours de la part de Custines. 650 Français protégés par les habitans du fauxbourg de Saxenhensen vont rejoindre l'armée de Custines ; les deux autres bataillons qui étoient enfermés dans la ville, se voyant sacrifiés par Custine , se défendent pendant une heure et demie avec la fureur du désespoir, et magré les gens de métiers et quelques juifs qui avoient démonté leurs deux petites pièces de canet et qui youloient les empêcher de tirer Eur l'ennemi;