Mémoire sur la Bastille

PRÉFACE XXV

blé de la particule, de n'avoir pas songé à l’anoblissement : or Linguet a reçu de Joseph II le titre de baron d'Empire, et la CORRESPONDANCE SECRÈTE l'appelle, non sans quelque ironie, le baron Linguet. Linguet a trouvé un biographe moins piquant, mais mieux informé, dans Henry Martin; mais ce biographe est en même temps un apologiste qui cherche continuellement à pallier les défauts de caractère, d'esprit et de conduite, de son compatriote. Ce n'est pas pourtant que la note juste soit bien difficile à rencontrer. Il n’est pas nécessaire pour cela d’avoir lu les cinquante-irois ouvrages signés par Linguet, ou qui lui sont attribués d’après des témoignages certains. A la rigueur, ses sept volumes de plaidoyers et la collection de ses deux journaux suffisent. Personne ne demandera des nouvelles de sa tragédie de SOCRATE, ni de ses CANAUX NAVIGABLES, ni de ses RÉFLEXIONS SUR LA LUMIÈRE. Comme historien d’Alexandre, de l'Empire romain, du Seizième siècle, et surtout des Jésuites, il est plus intéressant. Mais, partout et toujours, ce qui domine dans ses œuvres, c’est le ton du plaidoyer. La plupart de ses écrits ne sont même consacrés qu'à sa propre personne, aux injustices dont il se dit et dont il fut en effet quelquefois la victime. Publiciste, il reste avocat. Son principe est de ne jamais plaider que le pour, ou le contre; il ignore les peut-être.