Mirabeau

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temps relever l'autorité royale. C'est aussi le langage qu’il tint à un libraire de Strasbourg, à Propos d’une candidature qui lui était offerte en Alsace. Tout en reconnaissant le besoin de créer une Constitution tout entière, et en recommandant de se garder de l’érudition et de dédaigner ce qui s’est fait, il a soin d'ajouter : « mais n’entreprenons pas trop »; etil se réduit à trois points, — en prenant il est vrai pour devise : « guerre aux privilégiés et aux privileges»; — consentement national à l'impôt et aux emprunts, liberté civile, assemblées périodiques. Il croit d’ailleurs que « l'instruction, grâce à l'imprimerie, suffit pour opérer » toutes les révolutions dont nous avons besoin, toutes » celles que se doit l’espèce humaine, et que de cette ma» nière seule, les nations ne perdront rien de leurs acqui» sitions ; ce serait reculer barbarement notre âge que de » recourir à des révolutions violentes ».

Et pourtant Mirabeau n’en fut pas moins le grand tribun de la Révolution. C’est qu’outre l'entraînement d’une nature telle que la sienne pour un tel rôle, il y fut encore poussé par le fol entêtement des privilégiés et par les résistances qu’il rencontra du côté de cette autorité royale qu’il voulait relever, mais non serviren courtisan. « Ces » gens là », disait-il en parlant des nobles dela Provence où il s'était rendu en vue des élections, « ces gens là me fe» raient devenir tribun du peuple malgré moi si je ne me » tenais à quatre.» C'est ce qu'ils firent en effet. Renouvelant un règlement suranné, l'assemblée des nobles avait déclaré, malgré un éloquent discours de Mirabeau, que, pour siéger aux Étals généraux dans l’ordre de la noblesse, il ne suffirait pas d’être noble d'extraction, mais qu'il faudrait aussi être possesseur de fief. C'était exclure Mirabeau. Il riposta par un discours imprimé sur la représentation illégale de la nation provençale {où la noblesse n’était représentée que par les tenants fiefs, le clergé par des pré-

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