Mirabeau

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» l'homme de la constitution. Malheur aux ordres privilé» giés, si c'est là plutôt être l’homme du peuple que celui » des nobles ; car les privilèges finiront, mais le peuple est » éternel. »

Un tel langage mit le comble au ressentiment de la Chambre de la noblesse. On convint de retirer à Mirabeau le droit d'assister aux assemblées de l’ordre. « Nous voulons, disaient-ils à ce sujet, nous en défaire à tout prix. Si cela n’eût pas réussi, nous l’aurions insulté, et s’il eût tué l’un de nous, il aurait fallu qu’il passât sur le corps à tous. »

Mirabeau répondit par un troisième écrit : A la noblesse provençale, où se trouve cette phrase caractéristique : « Témoin du suffrage universel qui sollicite et qui certainement obtiendra une assemblée générale des trois ordres (c’élait la motion incendiaire contre laquelle protestait la noblesse), j'ai dit que six cent mille voix qui demandent une chose évidemment juste doivent l'emporter sur cent quatre-vingts voix qui la refusent. »

Mais on représentait comme un chien enragé l'homme qui appuyait une si juste demande. Mirabeau écrivit à ce sujet à un ami (M. de Comps, 29 janvier 1789) : « C’est une grande raison de m’élire, si je suis un chien enragé, car le despotisme et les privilèges mourront de mes morsures. »

Repoussé par la noblesse, Mirabeau sollicite lessuffrages du Tiers. Une double élection, l’une à Aix, l’autre à Marseille (il opta pour la première), le vengea des dédains et des outrages de l'aristocratie. Son départ pour Paris fut salué par les plus enthousiastes ovations. Il ne se laissait point d’ailleurs enivrer par cet enthousiasme : quelque temps auparavant, à son retour d’un voyage qu'il avait dû faire à Paris, comme le peuple d'Aix voulait dételer sa voiture : «Mes amis, leur dit-il, les hommesne sont pas faits pour porter un homme et vous n’en portez déjà que trop.» Il disait encore à ces enthousiastes : « Haïssez l’oppression