Mirabeau

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autant que vous aimez vos amis, et vous ne serez pas Opprimés. » 1

Mirabeau arrivait aux États généraux accompagné d’une grande réputation d'écrivain politique, qu'il devait à ses ouvrages, mais aussi avec la renommée assez équivoque que lui avaient faite Les scandales de sa jeunesse et ses relations avec le ministère. De plus, il était escorté de la haine que lui avaient jurée les privilégiés. Aussi ne faut-il pas s'étonner si des murmures éclatèrent contre lui, à la procession qui eut lieu le jour de l'ouverture des États généraux (5 mai 1789). Il les fit, disent les Mémoires, taire par un regard.

Dès l'ouverture des États généraux, Mirabeau sentit le besoin de recourir à la presse; il se fit journaliste. A l'époque de la convocation des États généraux, il avait défendu dans plusieurs brochures la liberté de la presse, représentant que, sans cette liberté, il ne pouvait y avoir ni instruction, ni Constitution, et réfutant admirablement objection tirée de la licence qui en peut résulter : «Il en est, disait-il, de cette précieuse liberté comme de cette lance célèbre qui seule pouvait guérir Les blessures qu’elle avait faites. » Résolu de conquérir par le‘fait cette liberté qu'il avait revendiquée comme la condition de toutes les autres, il fit paraître un journal intitulé : Les États généraux. Dans ce journal, Mirabeau attaquait très vivement le discours de Necker, il se plaignait que l'Assemblée nationale (c’est ainsi qu'il appelait déjà la réunion des États généraux) n’y eût pas même entendu parler de ce droit inaliénable et sacré de consentir l'impôt, « droit que depuis plus d'un an le roi avait reconnu soleunellement à * son peuple »; et il critiquait vivement les plans financiers du ministre, comme il l'avait déjà fait dans plusieurs écrits antérieurs, justes sur certains points, mais passionnés jusqu’à la violence.